S’il y avait bien une chose que je n’aimais pas faire, c’est de vagabonder telle une âme errante dans toutes sortes de boutiques pour renouveler mes tenues. Mais je n’avais plus vraiment le choix, cela commençait à devenir si urgent que même mon miroir commençait à se casser en me voyant passer tous les matins ! Et pour quelqu’un de superstitieux comme moi, je peux vous assurer que la salière en prenait un sacré coup elle aussi tous les matins ! Seulement…Moi et les boutiques ça faisait deux, il m’était totalement impossible de faire un choix. Un peu comme lorsque je suis en présence de deux charmantes demoiselles, il m’est impossible de choisir, alors généralement je prends les deux en même temps ! Voilà ma vision des choses, simple mais certes pas très économique ! Un coup de fils, un lieu de rendez-vous et le problème était réglé avec à la carte un petit bonus : la présence de Saori. C’est pour cette raison qu’à 15heure28 précise, je me tenais debout dans une vaste avenue fréquentée, les bras croisés et le toc typique d’un homme qui attend sa bien aimée avec impatience je cite : le coup d’œil à la montre toutes les 10 secondes.

J’étais vêtu d’un jean bleu légèrement délavé et d’une chemise blanche retroussée de façon harmonieuse jusqu’au coude. Il était question d’une de ces survivantes qui allait bientôt subir le même sort que ses frères et sœurs : la poubelle. J’avais opté pour une tenue simple qui me permettait de me fondre dans l’environnement dans lequel nous allions entrer d’ici peu. Bon je l’avoue, c’était aussi parce qu’il s’agissait des les seules choses que je possédais, mais ce n’était qu’un détail ! Une paire de lunette de chez Diesel sur le bout du nez et une montre Link Tag Heuer incrusté or et argent au poignet en guise de décoration et me voilà fin prêt ! Je regardais les gens défiler devant moi, les saluant tous de façon chaleureuse pour la bonne raison que je l’ai connaissais quasiment tous. Ha…Que c’était agréable de se sentir entourer par ses pions ! Euh…Par ses amis ! Fermant quelques secondes les yeux pour laisser échapper un petit soupire de bienfaisance, je me demandais bien comment allait Saori, voilà un bout de temps que je ne lui avais pas vraiment parlé. Il faut dire que ces derniers temps j’avais été assez pris. Je devrais me rattraper comme il se doit si je ne voulais pas baisser dans son estime !

L’objectif du jour était de se transformer en styliste pour essayer de renflouer la garde de robe de Jin Ki le dom juan. D’ailleurs je n’ai jamais compris comment il s’y prenait pour réussir à charmer n’importe quelle fille même vêtu le plus simplement du monde ; il faut croire que son pouvoir de séduction ne connait pas de limites et qu’il est de ceux qui ne passent jamais inaperçus quoi qu’il arrive, ce qui n’est pas bien étonnant quand on y pense. A vrai dire j’étais heureuse de pouvoir partager un peu de mon temps avec lui, il pouvait parfois se passer de nombreux jours sans que je ne le voie ou bien, pire, ne lui parle. D’ailleurs notre dernière discussion remontait à bien trop longtemps à mon goût. Le rendez-vous étant fixé à 15h30 heures, j’avais pour ainsi dire ma journée pour moi. Je m’étais ainsi convenablement occupée jusqu’à l’heure qui était convenue. Ponctuelle, je suis donc arrivée pile à l’heure ; mes Louboutins résonant sur le sol pavé annonçant mon arrivée. Contrairement à Jin Ki je n’avais pas besoin de conseils pour mes achats, faire les boutiques étant l’un de mes passe-temps favoris. Dépenser sans compter pour quelques pièces de grands créateur était toujours… fort appréciable ; nombreuses sont celles qui rêvent de pouvoir en faire autant.

Il m’attendait, posté devant une vitrine. A sa vue un léger sourire se dessina sur mes lèvres, comme à son habitude il sortait du lot. Me rapprochant de lui, je le saluais. « En effet, ça en devenait urgent ! », mes yeux désignaient le jean qu’il portait, il était clair qu’il avait fait son temps. « Je suis ravie que tu m’aies sélectionnée à la place de ta copine du moment pour te guider dans tes choix. » un sourire malicieux vint prendre place sur mon visage tandis que mes yeux se plongeaient maintenant dans les siens. En réalité il m’avait manqué, réellement. Le prologue fait, nous étions en direction d’une quelconque boutique qui pourrait satisfaire monsieur lorsque je me mis à le questionner « Tu étais débordé ces derniers temps, non ? » non pas que j’avais quelque chose à lui reprocher mais j’étais désireuse de savoir la raison de ce manque de nouvelles.

Comme à son habitude, ses paroles ne pouvaient être contredites, du moins pour moi ! Glaciale et sèche, une salutation comme je l'ai est toujours apprécié de sa part. Un jour, je parviendrais à répliquer ! Je vous en fais la promesse ! En attendant....Je baissais la tête en laissant un fin sourire s'étendre sur mes lèvres, retirant mes lunettes avec délicatesse pour plonger à mon tour subtilement mon regard dans le siens. « Hum...Elle est partie en voyage », répondis-je simplement avec une légère moue de la bouche, brisant par la même occasion le contact établit par nos regards tout en haussant légèrement les épaules. Il était inutile de lui dire un : "tu sais que toi seule a les meilleurs goûts qui soient" ! Non, bien sûr que non, ça elle le savait et je ne cherchais pas à la draguer comme toutes les autres avant elle. Suivant la demoiselle de près, je ne pus toutefois m'empêcher de l'observer de la tête au pied avec une certaine insistance tout en restant discret bien évidemment. Si Dieu existait et qu'il me voyait en cet instant précis, le châtiment aurait pu être terrible ! Mais à ma plus grande satisfaction rien ne se passa.

« Tu étais débordé ces derniers temps, non ? », sortant enfin de cette semi-transe, je glissai une main sur mon visage et plus particulièrement devant mes yeux pour venir me masser les oculaires. « J'ai eu pas mal de problèmes en plus du travail avec le retour de mes parents. Mais ça a fini par s'arranger. Et pour toi, comment vont les choses ? Aussi...Je suis désolé de ne pas avoir donné de nouvelles...Mais tu sais à quel point j'aime me faire désirer ? », terminais-je avec une pointe de sous-entendu mal placée, mais rapidement je perdis mon sourire si assuré en apercevant un grands nombres de boutiques qui s'offraient à nous. Je n'avais presque jamais entreprit de faire du shopping par ma propre initiative. Les plus grands couturiers défilaient dans la demeure des Song depuis des générations, alors pourquoi changer les bonnes habitudes ?! Reposant mon regard sur son doux visage, j'ajoutais plus calmement : « Quoi que tu puisse penser...Je suis heureux de passer un peu de temps en ta compagnie, un manque vient d'être comblé ». Pour ceux qui me connaissent bien, cela pouvait avoir deux significations : de la sincérité ou alors..."Aide moi je suis perdu, mais j'ai trop de fierté pour l'admettre". Oui c'est vrai, la deuxième version n'est vraiment pas romantique... !

Mes yeux roulèrent légèrement lorsqu’il évoqua sa pseudo copine partie en voyage. Je savais très bien que si c’était réellement le cas il l’aurait plaquée avant son départ pour ensuite la remplacer le soir même. Alors que mon regard portait loin devant moi, il changea de direction et alla se poser sur Jin Ki lorsque celui-ci évoqua ses problèmes et me demanda de mes nouvelles ; sans oublier d’appuyer sur l’un de ses traits de caractère. « Oui, je le sais. mon ton s’était fait quelque peu accentué de mon côté tout va bien, rien à signaler.». J’avais conscience de la froideur dont je faisais part en ce moment même, c’était pour cacher d'une certaine façon la joie que j’éprouvais à le revoir. Il m’avait l’air fatigué, sa façon d’être ne trompait pas. Alors que nous faisions face à l’allée commerçante et que je le guidais déjà vers l’enseigne d’Emporio Armani, il se fit comme un signal dans ma tête. C’était l’indice de trop.

Bien qu’habituée à ses jolies phrases, Jin Ki n’avait pas pour habitude d’en faire autant ; du moins pas de cette manière. Alors que je pouvais presque ressentir sa souffrance lors de notre entrée dans l’échoppe de luxe, je saluais la vendeuse qui reconnaissait le bon client potentiel avant de laisser mes yeux vagabonder sur les diverses formes de tissus. «Si ça te pèse trop sur la conscience tu peux m’en parler.» Ses yeux sombres étant bien plus intéressants que tout ce que présentait le créateur, j’étais ainsi déterminée à aller chercher la vérité au fond de ces yeux qui révélaient tant et que je ne connaissais que trop bien pour avoir aimé m'y plonger des milliers de fois. «Je vois bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas depuis le début… Peut-être que je me trompe mais je préfère en être certaine.». Bien que je le connaisse depuis ma plus tendre enfance j’avoue qu’il était fort possible que j’emprunte le mauvais chemin, avec lui on ne pouvait jamais être sûrs de rien. L’une de mes main alla au contact de la sienne afin de la serrer légèrement « Tu m’as l’air épuisé Jin Ki… ». Bien sûr j'avais envie de lui caresser la joue afin de le réconforter et de lui montrer ma présence mais le lieu dans lequel nous étions situés me restreignait à me comporter avec retenue. Rien n'était encore confirmé mais je m'inquiétais pour lui, c'était une sorte de seconde nature. S'il allait mal alors je ne pouvais aller bien.

Ce fut un petit sourire qui venu habiller mon visage lorsqu'elle m'annonça que de son côté tout allait bien. C'était tout ce que je voulais entendre de sa part, quelques mots simples pour retirer ce doute si intenable. Même si je ne montrais pas plus de conviction à en savoir d'avantage sur ce qu'elle avait fait ces derniers jours, c'était pour l'unique raison que si elle voulait parler elle le pouvait. Respecter la vie privée des gens était l'un des fondements premier chez les Song. Et le fait que nous soyons proches depuis presque 20 ne faisait pas exception à cette règle : du moins pas pour moi. Plus nous nous avancions, plus mes jambes semblaient lourdes à porter et je devais bien avouer que garder un air naturel commençait à être vraiment pesant. Notre destination quand à elle s'avérait être l'Emporio Armani. Suivant de près Saori je mis à mon tour un pied dans ce vaste lieu ayant un IDH frôlant la médiocrité. Il faut dire que ce genre de magasin n'était fait que pour une certaine catégorie de personne. Saluant poliment la vendeuse, je me glissais doucement le long des rangées pensant à voix haute qu'il fallait que je me trouve quelque chose à me mettre pour un brunch familial. Seulement l'atmosphère si douce et détendue se transforma rapidement en une toute autre symphonie : celle du malaise et de l'angoisse.

Je m'arrêtais quelques secondes de bouger : littéralement stupéfié par ses premières paroles, comment pouvait-elle à chaque fois toucher la cible aussi précisément ? Cela était-il si voyant que cela ? Décidément je devais me reprendre ! Être aussi facilement compréhensible et laisser ainsi transparaître mes émotions n'allait m'attirer que des ennuis ! Fronçant légèrement les sourcils je n'eus pas le temps de répliquer que nos regards se croisèrent de nouveau, mais cette fois-ci avec beaucoup plus d'insistance. Je restais silencieux me trouvant dans l'incapacité immédiate de sortir un mensonge crédible. De plus, l'envie de baisser les yeux devenait de plus en plus intense, mais si je faisais cette erreur il était évident qu'elle comprendrait. Je me contentais donc de soutenir ce beau regard si froid, pourtant cette fois-ci je réussis à percevoir une légère pointe d'inquiétude et de compréhension. C'est alors qu'une douce chaleur se fit sentir sur ma main, chaleur qui remontait le long de mon bras tel un coup d'électricité et je ne mentionnais même pas l'effet ressenti à la prononciation de mon prénom. Une chose était sûre j'appréciais réellement quand elle m’appelait ainsi. Reprenant peu à peu mes esprits, je venus placer ma main libre devant mon visage, brisant une nouvelle fois le lien qui s'était établi au travers de nos regards. Resserrant légèrement la main de la jeune fille, je la relâchai à contre-coeur et avec hésitation à l'instant même où je relevais la tête souriant doucement, un léger rire monotone s'échappant de ma gorge. « Je t'assure que tout va bien. Je suis simplement en manque de sommeil...Il semblerait que ta perspicacité naturelle est perdue de sa vigueur. »

Repérant une chemise dans les tons gris foncé qui se trouvait juste derrière Saori, j'en profitais pour me pencher un peu plus vers elle lui glissant discrètement et doucement à l'oreille un petit : « Ne te fais plus de soucis pour moi d'accord ? ». Libérant enfin Saori de ma présence si envahissante, je me dirigeais vers les cabines, attrapant en chemin toutes les choses qui pouvaient attirer un minimum mon attention. Cela passait du pantalon noir, au veston en passant par la cravate. J'ignorais si Saori me suivait ou si mes propos l'avait si vexé qu'elle avait préféré partir, mais je n'avais plus vraiment la force de la regarder, mentir ainsi à une personne aussi proche était vraiment chose difficile. Pour mon propre bien comme pour le sien, il était préférable de ne pas croiser une nouvelle fois son regard, du moins pas pour le moment. M'engouffrant dans l'un des luxueux petits compartiments, j'eus le plaisir de constater que l'endroit était plutôt du genre bien aménagé. Entreposant toutes les créations un peu partout, je pris quelques instants de détente à m'asseoir, reposant ainsi mes jambes. Après réflexion ce n'était peut-être pas une idée si brillante que ça le coup du shopping en milieu d'après midi ! Il devait s'être facilement écoulé 2 ou 3 minutes sans que je ne manifeste signes de vie, et lorsque que crus percevoir du mouvement près de mon emplacement, je me précipitais pour retirer ma chemise blanche, histoire d'enfiler le vêtement le plus proche de mon emplacement actuel. Manque de chance, il s'agissait de la cravate. Retentant ma chance une nouvelle fois, je pris parole le plus naturellement possible. « Et sinon, qu’advient-il de ce cher Andrew ? A t-il enfin réussit à trouver le grand amour ? »

HR : Désolé pour la taille, mais je dois avouer que je n'ai pas réussit à faire plus court, je trouvais tous les éléments présent essentiels...°°

Plus aucun contact physique ; sa main venait de conclure sa rencontre avec la mienne. Au même instant il me déclara qu’il était simplement fatigué, j’avais l’impression que son rire n’était là que pour masquer son mensonge, cependant il n’y avait aucune raison pour qu’il me mente. Sceptique, j’imbibais donc ses paroles sans me prononcer, parce que c’était Jin Ki et parce que tout ce qu’il disait était censé. «Ne te fais plus de soucis pour moi d'accord ?». Son souffle si près de mon oreille m’était agréable pourtant son attitude était déroutante. Le temps de quelques secondes je laissais mes pensées vagabonder jusqu’à ce que je me retourne pour apercevoir mon vieil ami prendre la direction des cabines avec quelques articles à la main. Bien qu’il ait fait son choix je me laissais aller à mes propres goûts pour tenter de lui dénicher LA perle qui se cachait peut-être en ces lieux et qui pourrait lui servir de tenue pour son brunch familial. N’ayant, au final, pas plus de motivation que ça, je me résignais à simplement aller donner mon humble avis sur les trouvailles de ma compagnie.

« Il va bien , tout comme toi. Honnêtement… je ne sais plus quoi faire, il finira sûrement par trouver quelqu’un de lui-même un de ces jours j’imagine. ». Un seul rideau étant tiré, trouver son emplacement avait été tâche facile. Encore une fois la température de ma réplique avoisinait les -10°C, il m'était impossible de contrôler cette façon de parler qui pouvait s'avérer parfois blessante. A cet instant même j’espérais qu'il ne le prenne pas comme un désintéressement. En ce qui concernait Andrew, sa vie sentimentale était un vrai trou noir; j’avais bien tenté de lui organiser quelques rendez-vous romantiques avec de belles demoiselles mais rien n’y faisait. « T’es prêt ? Je veux voir ce que ça donne. » Je m’avançais pour ouvrir la cabine et je fus pour le moins surprise lorsque je vis Jin Ki le torse simplement couvert d’une cravate. Un rire cristallin fila entre mes lèvres « Tu comptes jouer le chippendale devant ta famille lors du brunch ? » Fermant le rideau derrière moi afin que nous ne soyons pas alpagués par une vendeuse ou encore une femelle en ferveur devant ce corps parfaitement taillé, je m’attelais au nœud de cravate grossier que mon perfectionnisme m'obligeait à refaire. « Toi qui prétendais savoir les faire depuis tes cinq ans, celui-ci n’est pas une réussite. » Il n’y a pas à dire, le fils Song était fortement attirant et, à bien des désavantages, l’un de mes meilleurs amis. Une fois le nœud à ma convenance, je posais ma main sur la cravate, la plaquant par la même occasion sur son torse. « C'est bien mieux comme ça! » J'esquissai un sourire, satisfaite de mon travail.

Lorsque Saori répondit à ma petite question, je dois avouer que je ne savais que trop comment réagir. Andrew allait comme moi ? Je n'espérais sincèrement pas ça pour lui ! Et c'est vrai que niveau cœur, Andrew n'en était pas un adepte, mais il avait quand même l'air de s'être assouplit sur le sujet... Restant silencieux, je me contentais de m'habiller rapidement, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Après avoir « noué » ma cravate, ou du moins ce qui était censé y ressembler, je débouclai ma ceinture dans le but d'enfiler le jean noir qui se trouvait suspendu à mes côtés, geste très vite interrompu par l'interruption de Saori dans la cabine. Je manquais de sursauter en la voyant débarquer ainsi, même si celle-ci avait prévenue de son arrivée. Non pas que j'étais pudique, allons plutôt mettre ça sur le code de la bonne conduite. Ce débrailler ainsi devant une demoiselle dans un lieu public n'était vraiment pas correcte. Suite à sa petite phrase des plus philosophiques que le monde est pu porter, une rire cristallin et doux parvenu jusqu'à mes oreilles, me faisant mettre ma fierté de côté. Lui lançant un regard amusé, en prenant bien soin de ne pas replonger mon regard dans le siens, j'ajoutais calmement : « Je doute qu'une telle prestation soit véritablement appréciée ! ». Un petit rire suivit aussitôt, je m'apprêtais à me retourner quand le rideau de la vaste cabine se ferma, il est vrai que nous étions plus en intimité, mais tout de même...Soudainement, je me sentis comme légèrement tiré, il ne s'agissait simplement que de Saori qui voulait à tout prix remettre en ordre ma tenue, ou du moins le peu que je portais. « Hum...Il faut croire que j'ai un peu perdu la main ! Je vais devoir revoir cela de plus près. Je n'aurais pas toujours ma princesse pour venir rajuster ma tenue. »

Terminant le nœud en un temps record et pour un effet maximal, je sentis sa main se poser sur mon torse, à l'endroit même où se trouvait la cravate. Encore une fois je ne pus m'empêcher de la regarder, la détailler pour finalement lui sourire, plongeant mon regard dans le sien. Elle représentait tout ce qui était véritablement important à mes yeux, jamais je n'accepterais qu'une personne fragilise cet être présent en face de moi. C'était surprenant à quel point je me trouvais de nombreux défauts à ses côtés, comme le fait d'être possessif, ou de me sentir tel un simple ver de terre regardant une étoile avec envie. Aucun de nous deux ne bougeaient, rendant l'atmosphère des plus étrange qui soit, peut-être le temps c'était-il stoppé, j'ignorais. Mais la sensation de ses doigts qui débordaient légèrement sur ma peau ne me laissait pas indifférent. Au contraire. M'approchant un peu plus d'elle de façon à la rabattre légèrement vers l'une des extrémités de la cabine, je m'appuyai contre cette façade en passant mon bras juste au-dessus de l'une de ses frêles épaules. Mon rythme cardiaque avait dû entamer une nouvelle symphonie, car quoi que je pouvais dire ou paraître, je n'arrivais pas à garder mon assurance habituelle lorsqu'il s'agissait de Miss Kim. Approchant un peu plus mon visage du sien, je me stoppais à une distance plus que raisonnable avant de dévier cette trajectoire pour venir me nicher dans le creux de son cou. D'une inspiration, j'humais son parfum si envoutant à plein pouvons avant et remonter jusqu'à son oreille posant au passage un baisé sur son cou. N'avais-je pas dit que je devais respecter le code de la bonne conduite ? Je crois bien avoir dépassé certaines conditions en agissant de la sorte ! Me reculant calmement, je détournais le regard comme si de rien n'était, attrapant cette fameuse chemise me narguant depuis un certain temps et l'enfilant d'un geste souple et fluide, même si le passage de la cravate fut des plus délicat. Je me mis à fermer cette création, bouton par bouton, me concentrant un maximum pour ne pas apercevoir le reflet de Saori se trouvant juste derrière moi dans le miroir. « J'ai bien peur que cette cravate rouge ne soit pas adapté... »

Quelques petits pas vers l’arrière et me voici avec les battements de mon cœur qui ne cessaient de s’accélérer. Son visage se rapprochait dangereusement cependant je gardais une allure fière bien que mon regard trahissait le questionnement et l’appréhension dont je faisais part. Un regard qui suppliait un « non, ne fais pas ça ! ». Le temps s’arrêta quelques microsecondes lorsqu’il se stoppa, le temps pour mon rythme cardiaque de se reposer. Je me sentais impuissante ; j’aurai éventuellement pu le repousser lorsqu’il se nicha dans mon cou si je ne m’étais pas surprise à aimer le goût de ce vilain péché. Mes paupières se fermèrent lorsque de la sensation de ses lèvres contre ma peau arriva jusqu'à mon cerveau. Celui-ci qui me hurlait que ce qu’il se passait n’était pas raisonnable ; mais de l’autre côté il y avait le désir, cette émotion qui ne se contrôle pas.

J’étais abasourdie par son geste, certes, mais aussi par sa facilité à passer avec autant de facilité à autre chose. Ainsi il assouvissait ses pulsions et n’en assumait pas les conséquences ? Ou tout du moins il les évitait. Je le regardais ajuster sa chemise par le biais de son reflet dans le miroir. Comme statufiée, je n’avais pas bougé d’un poil. Ce qui me médusait le plus c’est qu’il commence à engager la conversation sur la cravate ; devais-je lui dire que je m’en foutais royalement ? « Elle sera toujours plus adaptée que ton comportement. » En ce qui me concerne je n’étais pas bien mieux, je dois l’avouer. Je me déplaçais enfin, lui faisant face. « Au moins, ai l’audace d’aller jusqu’au bout des choses. » Mes mains allèrent encadrer le bas de son visage lorsque je prononçais ces paroles pour ensuite aller déposer ainsi un baiser sur ses lèvres. Rien de bien approfondi mais quelque chose d’assez marqué tout de même. Je voulais comprendre la situation, assouvir mon besoin de contrôle et surtout... je ne pouvais refouler cette émotion que je tentais pourtant de rebuter. « Ton acte était puérile. » Je dressais un fin sourire malicieux. Pour dire vrai je n’aime pas les échantillons, en général je préfère le produit dans son intégrité.

Je n'étais pas surpris de sa réponse suite à ma remarque sur la cravate, mais au fond de moi je crois que c'est ce que je voulais, je connaissais trop bien Saori pour savoir qu'elle n'allait pas rester sans rien faire. Oui, en fait je voulais qu'elle fasse quelque chose de spécial, une chose que je n'aurais pas forcément osé faire pour l'unique raison qu'elle était bien trop importante à mes yeux. Et puis je ne voulais pas lui manquer de respect, cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vu et qui sait ce qu'elle avait pu faire entre temps ! Baissant légèrement la tête en esquissant un léger sourire, je remarquais que trop tard que Saori s'était déplacée pour se mettre face à moi. Lorsque ses mains vinrent encadrer mon visage, mon sourire disparut presque instantanément pour être remplacé par une pointe de satisfaction visible au plus profond mes yeux. Savourant ce cadeau si généreusement offert, je contribuais également à le rendre des plus attrayant même s'il s'était avéré trop court à mon goût. J'avais eu de nombreuses aventures et pourtant seule Saori arrivait vraiment à me déstabiliser, me dénuder de toute assurance. Laissant échapper un soupire silencieux, je regardais son visage s'écarter du mien, ressentant le besoin de sentir de nouveau cette douceur sur mes lèvres.

Mon acte était puéril ? Laissant échapper un rire amusé, je venus passer une main dans mes cheveux : « Mes actes puérils dis-tu ? Hum...Ma foi, s'ils sont toujours récompensés de cette façon, il va falloir s'attendre à me voir continuer dans cette voie ! » Je souriais largement pour répondre à ce malicieux sourire qui s'était affiché sur le visage de Saori. Une fois de plus, je brisais le lien qui s'était établit par nos regard pour me retourner vers le miroir, commençant à retirer mon jean dans le but d'enfiler le pantalon, j'haussa de nouveau la voix. « Et il n'était pas question d'audace ici, disons plutôt...D'effronterie ? Et...N'est-ce pas ce genre de choses qui mènent à la perte ? »