« Je peux très bien me passer de toi tu sais. » Elle afficha une moue boudeuse pour ensuite laisser place à une grimace. « Je sais très bien que tu le peux, mais j’aurais quand même préféré entendre le contraire. » Oui bon, c’était comme savoir que l’on nous aime; même si on le sait, c’est toujours agréable de se le faire dire. Et dans ce cas-ci le contraire de ses paroles auraient tout de même été apprécié. Ainsi donc, cela faisait déjà un moment, un long moment même, qu’ils étaient sous la douche et c’est pourquoi ils ne tardèrent pas à se rincer pour sortir de celle-ci par la suite, alors qu’elle lui tenait la main. À ce moment, un frisson la parcouru. Sauf que cette fois, c’était parce qu’il faisait froid à l’air ambiante. Par conséquence, Mi Kyung croisa ses bras comme pour garder une certaine chaleur le temps d’avoir une serviette qui heureusement, ne tarda pas à venir. Voir Gabriel la réchauffer et s’occuper un minimum d’elle comme ça la fit sourire intérieurement. Ce fut seulement lorsqu’il eut la sienne qu’elle se rapprocha alors de lui, se collant un peu pour récupérer de la chaleur. Elle finit de s’essuyer d’elle-même lorsqu’il enfila ses vêtements, gardant la serviette enroulée autour d’elle. « J’imagine que tu veux que je te prête quelque chose. » Elle ne répondit pas vraiment à sa question. Ça, c’était seulement s’il voulait lui en passer, parce qu’elle savait que tout le monde n’était pas forcément à l’aise avec ça. Dans le pire des cas, elle remettrait sa robe. Mais visiblement, cela le ne semblait pas le déranger et celle-ci fut entrainée dans sa chambre. Elle prit alors le pull blanc qu’il lui tendit. Puis elle l’enfila. C’était évident que ce pull était trop grand pour elle; il lui arrivait à la mi-cuisse et ce fut suffisant pour ne pas qu’elle ait à porter un bas quelconque, seulement ses sous-vêtements. Et puis les manches recouvraient la moitié de ses mains. Bref, c’était comme un gros pyjamas.

Une fois qu’elle eut enfilé le tout, elle rejoint Gabriel à la cuisine. Ainsi donc, il lui permettait de fouiller ses armoires et son frigo, ce qu’elle fit. Heureusement, elle n’était pas difficile et de simples toasts faisaient son affaire. Puis lorsqu’elle les eut préparées, elle amena son assiette avec elle pour aller s’asseoir avec lui devant la télé. « Je crois qu’après ça je vais y aller. J’ai des trucs à faire. Et je ne veux pas te retarder dans des trucs non plus. De toute façon, on va se recroiser souvent alors je ne m’inquiète pas. » dit-elle en souriant. Et pourtant….

Gabriel approcha sa tasse de ses lèvres, buvant plusieurs gorgées de son café brulant. Il aimait quand ça lui brulait la langue. Il regardait la télévision, sans réellement voir les images qui défilaient. Son esprit était ailleurs. Il réfléchissait à cette nuit qu’il venait de passer avec Mi Kyung. Elle avait été belle, douce, il l’avait même vraiment apprécié. Il en passerait bien d’autres encore d’ailleurs, et même, il adorerait juste la garder près de lui. Sa douceur l’apaisait. Mais il savait que ce n’était pas possible. Il ne pouvait pas garder contact avec elle, parce que si il le faisait, il aura à chaque instant envie de la serrer contre lui, de l’embrasser, et tout ce qui va avec. Sauf que pour faire ça, il fallait que la relation soit officielle pas vrai ? Enfin, normalement. Mieux valait ne pas parler des exceptions. De son exception plutôt. Parce que si il franchissait ce tout petit pas avec Mi Kyung, il devra arrêter ses autres activités dirons-nous. C’était un salaud, mais il respectait quand même les autres, et cela venait de l’éducation très stricte de ses parents, merci à eux. Il soupira, secouant la tête comme pour chasser toutes ces pensées de son esprit. Il se compliquait la tâche alors qu’il avait pris sa décision depuis longtemps.
Enfin, la demoiselle vint le rejoindre sur le canapé. Gabriel lui adressa un sourire, avant de poser sa tasse sur la table basse. Oui, se recroiser. Malheureusement il allait tout faire pour que cela arrive le moins possible. D’abord en évitant les lieux où ils avaient l’habitude de se voir, puis en faisant très attention dans les couloirs. Tout ça jusqu’à ce que Mi Kyung l’efface de sa mémoire. Il se contenta d’hocher la tête à ce qu’elle lui disait. Que pouvait-il faire d’autre ? « Cela va faire vide sans toi quand même. » Mon Dieu Gabriel, pourquoi dire ce genre de choses et empirer ton cas ? Il se gifla intérieurement et tourna la tête vers Mi Kyung pour lui sourire. Bon allez, il fallait profiter des dernières minutes, pas vrai ? Alors il se rapprocha d’elle, posa sa main sur sa joue pour qu’elle le regarde et après un bref moment d’hésitation l’embrassa avec douceur. Il prolongea leur baiser autant qu’il put, caressant doucement sa peau avec son pouce. Et à l’aide de petits baisers, il se sépara doucement de ses lèvres, avant de lui sourire. Un dernier baiser, un baiser d’adieu ? « Tu travailleras mieux comme ça. » Il rit légèrement avant de reprendre sa tasse entre ses mains et de finir son café.

Elle préférait le regarder écouter la télé plutôt que de suivre ce qui y jouait, tout en mangeant. Et tout comme lui, Mi Kyung se mit à repenser aux dernières heures qu’elle venait de passer. C’était perturbant à quelque part de savoir que quelqu’un lui faisait autant d’effet, lui donnait autant d’envie alors qu’elle savait très bien qu’il n’y avait aucun sentiment. Du moins pour l’instant. C’était comme si on l’avait ensorcelée. Et forcément, maintenant elle ne pouvait plus le qualifier de simple ami car il était beaucoup plus que ça, sans forcément n’être qu’un amant. Elle soupira pour elle-même avant de lui lancer un sourire lorsqu’il la regarda. « Cela va faire vide sans toi quand même. » Il avait tout de même le don de la faire sourire, puisqu’à cette phrase, son sourire ne fit que s’élargir. Elle termina ensuite son petit déjeuner, déposant son assiette sur la table juste à côté. Puis la main de Gabriel la força à tourner le visage vers lui pour échanger un doux baiser. Baiser qu’elle fit durer, comme d’habitude, déposant à son tour ses deux mains de chaque côté du visage du garçon. Cela allait sans doute être son dernier en fait, alors elle voulu en profiter un peu. Elle mit fin à celui-ci en lui embrassant le cou de deux, voir trois petits baisers pour le regarder à nouveau dans les yeux. « Tu travailleras mieux comme ça. » Mi Kyung gonfla les joues en haussant les sourcils. Elle en était très très peu convaincue en fait, totalement persuadée qu’au contraire, elle n’allait pas en être capable. Ce n’était pas peu dire que de dire que Gabriel avait été un très bon coup et tout le monde savait que malgré tout, elle n’était pas le genre de fille à sauter sur le premier venu. Elle se redressa un peu, alors que celui-ci terminait son café. « Moi je crois plutôt que ce sera le contraire. » Elle garda son petit sourire affiché, prenant encore et toujours ce petit air innocent. « Mais tu pourras toujours passer à la bibliothèque pour voir si j’ai finalement réussi ou pas. » dit-elle légèrement amusé.

Un petit silence s’installa entre eux. Mi Kyung se leva alors doucement, apportant son assiette jusqu’au lavabo pour l’y déposer. Puis elle retourna dans sa chambre afin de s’emparer de sa robe qui traînait quelque part parterre. Elle revint ensuite dans la cuisine; malheureusement, il était temps pour elle de partir. Et heureusement, elle n’en avait pas très long à marcher puisqu’ils étaient dans la même bâtisse. Lentement, elle se dirigea vers la porte se tournant vers le garçon une dernière fois, affichant une petite moue et ensuite un petit rictus. Toute bonne chose avait malheureusement une fin.

Les choses étaient ainsi, personne n’avait sa place dans le cœur du jeune Jang, à part son cher Min Seok. Il avait trop peur d’être déçu, et de décevoir encore pour partager ses sourires avec quelqu’un. Pourtant, peut être que cela aurait été bien avec Mi Kyung, sans doute qu’ils passeraient de bons moments s’ils restaient ensemble. Mais non, au goût de Gabriel, c’était trop risqué. Il pouvait y perdre son cœur, y perdre son meilleur ami, sa fierté, et d’autres choses encore. Enfin, ça, c’était ce qu’il essayait de se faire croire. Il se cherchait des bonnes raisons pour ne pas la rattraper alors qu’elle s’apprêtait à partir, récupérant ses affaires silencieusement. Le calme de l’appartement pesait et plus aucun mot n’était nécessaire pour exprimer la suite des évènements. Ils avaient passé une bonne nuit, pris du plaisir et maintenant il était temps de se séparer. Gabriel la voyait ainsi face à lui pour la dernière fois. Quand elle comprendra, elle ne le regardera plus de la même manière, et il le savait. D’ailleurs, ça le blessait. Il aimerait bien revivre en boucle les moments passés avec elle. Seulement, on n’a pas encore inventé la machine à remonter le temps. Il se leva en voyant qu’elle se dirigeait vers la porte. À son tour, il se força à afficher un sourire. C’était bien la première qu’il quittait comme ça. La seule qu’il ne jetait pas comme une vulgaire chaussette sale.

Lorsqu’elle ferma la porte derrière elle, il s’en approcha pour la verrouiller et s’y adossa. Pour peu, il aurait presque dû lui dire adieu. Désormais, elle ne faisait plus partie de sa vie. Il soupira, avant de retourner s’affaler sur le canapé. La vie continue, n’est-ce pas ?