Novembre. Les arbres de plus en plus nus, la nuit de plus en plus longue, le froid, le brouillard, toutes ces choses qui nous fatiguent, nous lassent, nous embêtent. Gabriel avait beau être né en hiver, il détestait plus que quiconque cette maudite saison. Malgré tout, il était là, assis à la terrasse d’un café, un journal dans une main et un café dans l’autre. Aujourd’hui, la météo était clémente, la température douce et puisqu’il voulait être au calme, il s’était donc installé dehors. Il observait les passants de temps en temps, souriant lorsqu’il voyait des personnes mal habillés, grimaçant lorsque des laiderons le reluquaient. Il soupira bruyamment après un certain temps, posant sa tasse vide dans un bruit qui fit sursauter les plus proches. Il balança l’argent, et se leva sans un mot. Il jeta au passage son argent dans une poubelle, reprenant son chemin. Il devait rejoindre son père d’ici une petite heure.
Cependant, pendant qu’il marchait. Il reconnut au loin une voix qui lui semblait bien familière. Il fronça les sourcils, tendant l’oreille pour être sur. Aucun doute possible, c’était elle. Mi Kyung, celle qu’il avait lâchement plaqué au téléphone sous le coup de pression de son actuel petit ami. Il accéléra soudainement le pas, puisqu’il lui semblait que Mi Kyung ne se trouvait pas vraiment en bonne compagnie. Ainsi, arrivant derrière elle, il planta son regard dans celui-ci du jeune homme face à lui. « Hé, y a-t-il un problème ? » L’espèce de sale baratineur dévisagea Gabriel un instant, lui demandant ensuite si il était son copain. « Elle est trop bien pour toi, abandonne et va te chercher une pute à deux sous dans les bas quartiers, veux-tu ? » Fit-il avec son affreux sourire hypocrite, froid et presque diabolique. L’homme grogna et ne répondit pas, s’éloignant visiblement intimidé juste par la force des mots du jeune Jang. Ce dernier soupira, secouant la tête de gauche à droite. Bon, et maintenant ? Situation gênante. Il ne lui avait pas parlé depuis le fameux coup de fil, et elle devait terriblement lui en vouloir. Il baissa les yeux vers elle et demanda d’une petite voix. « Je suppose que tu m’en veux énormément et que tu ne souhaites plus entendre parler de moi ? »

Elle ne faisait que retourner chez elle, seule, avant que le soir ne devienne trop noir. Mais forcément, y avait pas moyen d’être en paix, même à cette heure. À peine venait-elle de s’engager sur le trottoir qu’un homme – il paraissait dans la cinquantaine – s’était mis à l’aborder. Encore, s’il lui avait seulement demandé un truc ou tout simplement salué, ça aurait été parfait. Mais là, il s’était mis à lui parler des femmes, tout en marchant à ses côtés. Évidemment, Mi Kyung ne faisait qu’entendre ce qu’il disait sans vraiment prendre la peine de l’écouter. Jusqu’à ce qu’il se mette à lui faire des faveurs ou à lui dire des phrases totalement déplacées comme «Je vois bien que je te donne des chaleurs ». En fait, il est vrai qu’une jolie fille dont l’air était triste pouvait plus facilement attirer les hommes dans son genre. Et en ce moment, c’était bien comme ça que l’on pouvait décrire Mi Kyung. Dans tous les cas, une voix derrière elle se fit rententir; elle ne lui était pas du tout inconnue. Et en effet, en tournant la tête, elle vit celui qu’elle croyait; Gabriel. Elle détourna le regard lorsqu’il s’adressa à l’homme, pour ensuite le reposer sur lui lorsqu’il s’adressa à elle. « Je suppose que tu m’en veux énormément et que tu ne souhaites plus entendre parler de moi ? » Gabriel… celui qui l’avait laissé comme une vieille chaussette par téléphone. Celui qui lui avait donné tant d’espoir, celui à qui elle avait donné sa confiance ainsi qu’une deuxième chance. Et celui qui était parvenu à tout gâcher en ne tenant aucune de ses promesses et en bousillant tout ce qu’elle lui avait offert. Le revoir ? De la colère, de la haine, de la jalousie, de la tristesse et beaucoup de souffrance. Une crise qui allait bientôt prendre forme. Elle regarda l'homme s'éloigner. Dire merci à Gabriel ? Après tout ce qu'il lui a fait ? Alors là... « Oh mais, c’est bien, tu parviens à deviner ce que je pense. Et pourtant, moi, je n’ai jamais rien compris de toi. » lâcha-t-elle d’un ton totalement rancunier et moqueur, tout le contraire de ce qu’il avait l’habitude de voir d’elle. « Et tu t’amuses bien avec ton petit ami, Gabriel ? Attend, comment il s’appelle déjà ? Min Seok, non ? » Elle le regarda d’un air qui s’avérait vraiment dévasté et colérique, lui parlant d’un ton totalement hypocrite. Puis elle lâcha un soupir d’exaspération en levant les yeux vers le ciel, haussant les épaules. « Dans le fond je ne suis qu’une poupée à seins avec laquelle tu aimes jouer, n’est-ce pas ? » Courte pause. Elle prit un ton plus colérique. « Cette « relation » qu’on a eu pendant ce court temps… moi j’y ai complètement cru. Mais toi… toi… j’ai l’impression que tu as fait semblant. Est-ce que je me trompe ? » Elle le regarda à nouveau dans les yeux, l’air totalement perdu avant de faire des non dans le vide. Comment avait-il pu ? Elle avait vraiment du mal à croire qu’il ait pu la traiter de la sorte. Sans plus attendre, elle tourna les talons; il lui avait déjà assez fait perdre de son temps comme ça.

Qu’espérait le jeune français au juste ? Qu’elle ait déjà oublié tout ce qu’il lui avait en moins de quelques semaines ? Voyons voir, il avait couché avec elle, l’avait ignoré un temps, puis pris la seconde chance qu’elle lui proposait et au final, après quelques promesses, il l’avait laissé tomber, et par téléphone en plus. En gros, il avait été un beau salaud avec elle. Alors que pour une fois, cela n’avait pas été son but. Tout s’était enchainé de manière à ce qu’il ne puisse rien contrôler. Malheureusement oui, comme toujours, la jeune femme n’avait pas su décrypter Gabriel. Personne n’y arrivait vraiment, à part peut être Min Seok, et encore. Il se mordit la lèvre, quelque peu embarrassé de tout ce qu’il était en train de se manger dans la figure. Mais elle avait raison de l’énerver, Gabriel comprenait et c’est pourquoi il ne lui répondait pas, encaissant simplement. Cependant, alors qu’elle se rabaissait, Gabriel réagit pour la première fois. « Qu’est-ce que tu racontes ? » Il ne l’avait jamais considéré comme une poupée gonflable à la différence des autres. Il ne l’avait pas pris pour se satisfaire d’un manque ou quoi. Juste qu’il l’avait désiré, il avait eu envie d’elle. Puis il se pinça à nouveau les lèvres, alors qu’elle lui disait qu’elle avait réellement cru qu’il pourrait y avoir quelque chose entre eux. Lui aussi, mais les choses ne se sont juste pas passées comme prévu. Il ne savait pas ce qu’il devait lui dire, avait-il fait semblant ? D’un côté oui, il s’était voilé la face pour ne pas voir ce qu’il avait sous les yeux. Le temps qu’il y pense, Mi Kyung avait tourné les talons. Oh non, il ne devait pas la laisser partir comme ça. La rattrapant il la chopa par la main pour qu’elle s’arrête. « Mi Kyung, je te jure que mes intentions étaient bonnes envers toi. J’avais réellement envie que ça marche. Je crois que ça aurait pu fonctionner. Si Min Seok n’avait pas été là, je n’aurais vu que toi. » Sans doute que oui. Si son cher amant n’était jamais entré et incrusté de la sorte dans sa vie, il y aurait eu bien assez de place pour Mi Kyung. « Il faut que tu me comprennes, j’ai pas eu de relation sérieuse depuis des siècles.. mais Min Seok et moi, on se voyait tout le temps. » Qu’elle comprenne bien que par voir, il entendait coucher. « Il n’aurait pas été là, j’aurais peut être pu t’aimer. Je ne sais pas. Je peux juste te dire que je suis désolé. »

Elle avait prit soudainement le pas, se faisant rapidement arrêté dans sa marche. Elle se retourna alors vers Gabriel. « Mi Kyung, je te jure que mes intentions étaient bonnes envers toi. J’avais réellement envie que ça marche. Je crois que ça aurait pu fonctionner. Si Min Seok n’avait pas été là, je n’aurais vu que toi. » Elle ne savait plus quoi penser. S’il était sincère ou pas. Même s’il lui jurait que quelque chose était vrai, comme les intentions qu’il avait eu, elle ne savait même plus si elle devait le croire ou non. En ayant agit de la sorte, il ne l’avait non seulement blessé, mais il avait aussi mis son amitié avec elle en jeu. Mais ça, il ne devait pas s’en rendre compte. « Si Min Seok n’avait pas été là ? T’es en train de me dire que c’est lui que je devrais blâmer, Gabriel ? C’est lui qui t’a demandé de m’appeler pour que tu me laisses, n’est-ce pas ? Franchement, je vais t’avouer que je ne l’aime pas, mais si tu tenais autant à moi que tu le disais… je crois que tu aurais quand même pris le temps de lui dire qu’il y a une autre façon de le faire. Je me suis sentie comme une merde Gabriel. « Oh oui Mi Kyung ? Oui ca va, mais non ça ne fonctionnera pas entre nous deux, merci au revoir. »» Courte pause. Elle voulait seulement lui faire réaliser ce que ça faisait que de se faire jeter de la sorte. « En fait, je crois vraiment que l’amour rend aveugle. T’a peut-être trouvé l’homme de ta vie, mais… réalises-tu que t’es aussi en train de perdre une amie ? » Et il savait aussi bien qu’elle que ce n’était pas n’importe quelle amie non plus. « Il faut que tu me comprennes, j’ai pas eu de relation sérieuse depuis des siècles.. mais Min Seok et moi, on se voyait tout le temps. Il n’aurait pas été là, j’aurais peut être pu t’aimer. Je ne sais pas. Je peux juste te dire que je suis désolé. » Elle prit une grande respiration. Bizarrement, plus il parlait et plus elle avait envie de s’énerver. Normal en même temps. Peut-être était-ce parce qu’il ne cessait de dire que c’était à cause de Min Seok. Certes, elle ne savait pas ce qui c’était exactement passé à ce moment-là, mais de la façon dont il parle, Gabriel ne s’était soumis qu’aux paroles de l’autre, sans vraiment se soucier d’elle. « Tu crois vraiment qu’à ce stade, de simples excuses suffisent ? » Elle se maudissait intérieurement d’avoir envie de verser des larmes pour lui. Elle était profondément blessée, perdue, confuse, en colère, mais aussi amoureuse de lui. Elle amena ses doigts sur ses yeux, essayant d’essuyer les larmes s’étaient décidé de couler. « N’oublie pas que je suis aussi amoureuse de toi Gabriel. Et je ne sais pas pourquoi je te dis ça.. après tout, t’en a plus rien à foutre maintenant. » Elle posa son regard sur lui. Dommage pour lui, mais ses petits yeux tout mignons, tout innocents et tendres, elle ne les avait plus. « Regarde-moi franchement dans les yeux et dis-moi sincèrement si j’ai mérité que tu me traites de la sorte. DIS-LE MOI ! »

Décidemment, il venait de très mal se faire comprendre. Il passa sa main dans sa nuque d’un air nerveux, s’excusant intérieurement au près de Min Seok d’avoir mis cette idée en tête de la jeune femme et par la même occasion de l’avoir balancé. Il ne pouvait pas nier que c’était lui qui lui avait demandé de faire cela mais d’un autre côté, il aurait très bien pu refuser n’est-ce pas ? Seulement, il n’en avait pas eu le courage et surtout, il s’était senti obligé à ce moment là de lui prouver qu’il tenait à lui. À présent, il allait bien galérer à montrer à Mi Kyung qu’il n’avait pas joué avec elle. Parce qu’elle avait raison, le coup du téléphone, c’était vraiment dégueulasse. « Pardonne-moi Mi, je sais que j’aurais au moins dû venir t’en parler en face mais .. » Comment pourrait-elle lui pardonner quelque chose comme cela ? « En fait, je crois vraiment que l’amour rend aveugle. T’a peut-être trouvé l’homme de ta vie, mais… réalises-tu que t’es aussi en train de perdre une amie ? » Pour la première fois, les choses allaient dans le sens inverse et Mi Kyung venait de blesser le français. Pourtant, il s’était douté que cela risquait d’être difficile de la garder en tant qu’amie, mais il avait espéré. L’espoir, c’est mal. Alors il essayait de s’expliquer tant bien que mal, de lui faire comprendre. Evidemment qu’il savait que s’excuser ne suffisait pas, mais que pouvait-il faire d’autre ? « Dis-moi ce que je dois faire alors. » Fit-il désespéré. « J’ai jamais voulu te blesser, c’est juste que tout est arrivé sans que je puisse le prévoir et .. » Oh non, elle pleurait. Il ne manquait plus que ça. Il leva les yeux au ciel, comme si il cherchait de l’aide chez Dieu, mais que voulez-vous qu’il lui dise celui-là ? Jamais là quand il le faut. Son regard se reposa sur Mi Kyung lorsque celle-ci lui avoua être amoureuse de lui. Et merde, bah voilà, tu as gagné le gros lot Gabriel. Qu’avait-il fait bon sang ? Mais quel idiot, il se haïssait à cet instant, et voir les passants les dévisageaient lui rappeler étrangement la scène dans les couloirs de l’université. « Non Mi, je sais que tu ne méritais pas ça. Tu sais bien que tu es adorable et jolie comme un cœur. Je suis sincère avec toi, même si c’est difficile de me croire. » Il soupira, qu’est-ce qu’il pouvait bien lui dire pour qu’elle comprenne ? « J’étais juste trop con. Je n’ai pas compris mes véritables sentiments à temps, alors tu en as pâtis. J’ai pas voulu les voir je crois, alors je me suis laissé bercer par l’illusion qu’on pourrait être bien ensemble. On aurait surement été bien. Mais les choses sont différentes. » Il haussa les épaules. « Je sais que ça prendra du temps, mais crois-moi, je veux rester ton ami. »

C’était une situation difficile. Elle voulait bien essayer de le comprendre, mais en même temps, il avait agit de façon totalement égoïste, insoucieuse. Et si cet instant était difficile pour lui, il l’était tout autant pour elle. Elle devait faire face à des sentiments contraires, mais en même temps, comment savoir si la prochaine fois, la prochaine chance qu’elle lui laissera – s’il y en a une – sera la bonne ? « Pardonne-moi Mi, je sais que j’aurais au moins dû venir t’en parler en face mais .. » Beh ça va, au moins là, il réalisait qu’il avait mal agit. Mais bon, le mal était quand même fait, malheureusement. Et pourtant, il aura beau lui répéter des centaines de fois qu’il était désolé, ça n’avait dorénavant plus de signification pour elle. « Dis-moi ce que je dois faire alors. » Elle soupira en haussant les épaules. Elle ne savait pas elle-même ce qu’il devait faire. D’ailleurs, pouvait-il faire quelque chose ? Probablement que la meilleure des choses allait être de laisser le temps arranger les choses entre eux. Et pourtant, elle voulait être loin de lui tout en étant proche de lui. Au fond, même la jeune fille ne savait pas ce qu’elle voulait. « Juste de… je ne sais pas. C’est pas à moi de te dire quoi faire. Prouve-moi que je peux vraiment te faire confiance, que… tu es sincère, que…. Rah je ne sais pas Gabriel. Je ne sais pas. Je vais avoir du mal à te faire confiance. Je t’ai donné une seconde chance, mais j’ai pas l’impression que tu t’es rendu compte à quel point elle était importante. Si jamais je me décidais à te donner une dernière chance, qu’est-ce qui me dira que celle-là sera la bonne ? Que tu ne me referas pas le coup ? Tu ne trouves pas que tu as déjà assez tourné le couteau dans la plaie ? J’ai pas envie qu’il tourne une fois de plus tu vois. » Elle laissa ses larmes couler le long de ses joues et dans son cou, tombant peut-être même sur le sol. Elle ne prit pas la peine de les essuyer. Pourquoi le ferait-elle alors que d’autre couleront ? Et Gabriel, n’as-tu donc pas envie de les essuyer ? « Non Mi, je sais que tu ne méritais pas ça. Tu sais bien que tu es adorable et jolie comme un cœur. Je suis sincère avec toi, même si c’est difficile de me croire. » En temps normal, ces mots l’auraient fait sourire. Seulement là, c’était différent et disons plutôt que son esprit restait accroché sur sa première phrase. « ALORS POURQUOI EST-CE QUE TU M’AS TRAITÉ COMME ÇA ? » Elle frappa violemment le sol avec son pied avant de s’y asseoir brusquement, peu importe s’il était mouillé ou pas. Une crise, voilà comment ce qu’elle avait accumulé voulait sortir. « J’étais juste trop con. Je n’ai pas compris mes véritables sentiments à temps, alors tu en as pâtis. J’ai pas voulu les voir je crois, alors je me suis laissé bercer par l’illusion qu’on pourrait être bien ensemble. On aurait surement été bien. Mais les choses sont différentes. Je sais que ça prendra du temps, mais crois-moi, je veux rester ton ami. » Elle releva le regard vers lui. « Et y a fallu qu’on en arrive là pour que tu le réalises ? » Court silence. Il faisait froid là, à sentir le vent sur ses joues mouillées. « Alors prouve-le moi. Prouve-moi que tu veux rester mon amie. Parce que moi… j’en ai marre de faire des efforts pour finalement me faire rejeter, tu vois. » ajouta-t-elle d'une voix tremblante.

Oui, c’était dommage d’avoir eu besoin d’en arriver là pour qu’il réalise. Il aurait préféré que les choses arrivent dans un autre ordre, de manière à ce que Mi Kyung ne soit pas blessé dans toute cette histoire. Malheureusement, ce qui est fait, est fait. Il n’existe aucun moyen de retourner en arrière, même si Gabriel en aurait terriblement envie. Ainsi il effacerait toutes les belles promesses faites à Mi Kyung, et prendrait sa seconde chance pour qu’ils deviennent uniquement amis. Quel idiot de ne pas avoir plus réfléchis, e ne pas avoir vu plus loin que le bout de son nez. Sale égoïste qu’il est. Il le sait que c’est son pire défaut, pourtant, il aurait aimé que le cœur de Mi Kyung n’en souffre pas. Elle lui semblait si pure, si innocente. Elle ne méritait pas ce qu’il était en train de lui faire, là, à remuer le couteau dans la plaie comme elle le disait si bien. Il sursauta légèrement lorsqu’elle éleva la voix, regardant autour de lui, quelque peu gêné. Surtout qu’elle venait de s’assoir par terre, bon Dieu qu’est-ce qu’elle faisait. Pourquoi se mettait-elle dans un état pareil pour un pauvre con comme lui ? Les voilà, au milieu de la rue, elle en larmes, lui devant sans savoir ce qu’il devait faire. Il pourrait la prendre dans ses bras, mais il ne savait pas si il avait le droit. Il hésita un instant, et finalement s’agenouilla. Tant pis pour son pantalon hors de prix. Il passa ses bras derrière sa nuque, et l’attira contre lui plutôt brusquement, la serrant assez fort. Une main derrière sa tête, il caressait ses cheveux, avant qu’il ne dépose un baiser sur sa tempe. « Je suis tellement désolé Mi, si je ne l’étais pas, je ne serais pas là. Si je ne voulais pas rester ton ami, j’en aurais rien à faire de te voir pleurer. Mais là, mon Dieu je t’en supplie, arrête. Je ne supporte pas de te voir dans cet état, parce que je sais que c’est de ma faute. » Il ne s'était jamais, au grand jamais retrouvé dans ce genre de situation. Alors il essayait de faire au mieux,de trouver les mots, ce pour quoi il n'était vraiment pas doué.

Elle ne savait pas. Elle ne savait pas pourquoi elle réagissait comme ça. Même qu’en fait, elle avait du mal à se reconnaître. Peut-être parce que pour une fois, elle aurait vraiment mais vraiment voulu que ça fonctionne avec lui. Elle ne faisait que fixer le sol. Elle avait froid, elle était confuse et elle était triste. Gabriel venait de s’agenouiller pour l’enlacer de réconfort, bien que de le sentir comme ça auprès d’elle semblait lui faire plus de bien qu’elle ne l’aurait cru. Elle ferma les yeux, ne continuant pas forcément le geste du garçon en l’enlaçant à son tour, mais elle ne le repoussait pas non plus. « Je suis tellement désolé Mi, si je ne l’étais pas, je ne serais pas là. Si je ne voulais pas rester ton ami, j’en aurais rien à faire de te voir pleurer. Mais là, mon Dieu je t’en supplie, arrête. Je ne supporte pas de te voir dans cet état, parce que je sais que c’est de ma faute. » Elle laissa régner un silence, les paroles du garçon tournant dans son esprit. Il avait un point. S’il n’avait vraiment rien voulu savoir d’elle, s’il se serait tout simplement pas soucié d’elle, il l’aurait très bien laissé avec l’homme, ne faisant que la traiter de pleurnicharde sans doute. Mais non, il était là à la regarder, à essayer de la réconforter ce qui prouvait en quelques sortes qu’il tenait définitivement à elle. Mi Kyung soupira intérieurement. Il était dur à suivre. Et pourtant, quand elle croyait qu’elle avait raison, il lui prouvait tord et quand elle croyait qu’elle avait tord, il lui prouvait raison. Au fond, elle savait bien qu’il venait de réaliser l’amplitude de son geste, et même s’il était un peu tard, mieux valait tard que jamais. Elle se décolla doucement de lui, s’étant à présent calmée. Son regard resta baissé un moment avant de remonter vers le sien. Elle ignorait si c’était de la pitié, de l’amour, de l’attachement ou simplement une volonté bien cachée, mais en voyant ça, elle avait envie de lui offrir une autre chance. Elle murmura doucement d’un air totalement perdu « Et comment je sais que… cette fois sera la bonne ? » Elle osait espéré qu’il ait eu sa leçon. Un autre faux mouvement et là, il allait la perdre complètement.

C’était une excellente question qu’elle posait là, lui-même ne savait pas quoi lui répondre. Gabriel était juste sur d’une chose, il aimait Min Seok, et il n’y avait aucune chance pour qu’il change d’avis une troisième fois. Cependant, pouvait-il pour autant lui assurer qu’il ne lui ferait plus de mal ? N’allait-il pas lui en faire en s’affichant au bras de Min Seok alors qu’elle semblait réellement tenir à lui ? Il se demandait même si il était capable d’être ami avec elle après l’étrange relation qu’ils avaient eu. Car depuis qu’ils se connaissaient il y avait eu cet étrange jeu du chat et de la souris. Mais maintenant, il n’avait plus le droit et sans doute que Mi Kyung ne le voulait plus non plus. Il était là question de prendre un nouveau départ pas vrai ? De laisser ce qu’il y a derrière eux. Il baissa les yeux, chose rare, car il regardait toujours les personnes à qui il s’adressait dans les yeux. « Mi, je pense que je sais ce que je veux cette fois. » Il se leva alors, et tendit sa main pour l’aider ensuite à faire de même avant de reprendre. « Je te veux à mes côtés malgré tout, j’ai besoin de toi-même si tu dois penser le contraire. Tu dois rester mon amie, et je ne m’excuserais jamais assez pour ce que je t’ai fait. » Il haussa les épaules, l’air désolé et avec une moue adorable. « Je suis un connard que veux-tu ? On ne change pas les gens. » Il avait presque envie de lui dire ; con un jour, con toujours. Puis, non seulement on ne change pas les gens, mais il ne comptait pas changer réellement. C’était ce qui l’arrangeait dans sa relation avec Min Seok, il n’aura besoin de faire aucun effort, ou presque en tout cas. Il poussa un léger soupire, et glissa ses mains dans les poches de sa veste. Il commençait à faire légèrement froid, et étant d’un naturel frileux, ça n’arrangeait pas la chose. Alors jetant un coup d’œil à droite, puis à gauche, il souffla encore une fois. Peut être était-il temps pour lui de rentrer ? En plus, il avait encore quelques devoirs à faire et comme son petit ami risquait de s’incruster, mieux valait qu’il se mette à l’œuvre le plus tôt possible. Il reporta son attention sur Mi Kyung. « On rentre ensemble ? Ou tu as quelque chose à faire encore ? »