En y repensant, Sara ne connaissait rien de Dong Chul. Absolument rien, à part le fait que sa femme était à Gidae. Elle ne savait même pas si c'était un membre du personnel ou bien une résidente. Mais bizarrement, ça lui suffisait. Elle n'avait pas besoin de connaître la vie d'une personne pour l'apprécier. Elle n'avait pas non plus besoin de savoir ses secrets pour se sentir proche d'elle, même si avec le temps, tout ça se fera. Pour se sentir à l'aise avec une personne, il lui suffit juste qu'on lui sourit une seule fois. C'est surement à cause du fait qu'elle pense que tout le monde a bon fond. A partir de là, elle estime que tout le monde a le droit à son amitié et à sa confiance. Évidemment, elle tombera de haut un jour. Et ça sera alors dur de se relever. Pourtant, ce genre de pensée ne lui a jamais traversé l'esprit. Non pas qu'elle soit naïve, mais surement trop optimiste. Et finalement Dong Chul et Sara se ressemblaient un peu. Lui non plus ne connaissait rien de Sara. Il se trompait même à son sujet, et pourtant ça ne lui posait aucun problème pour l'apprécier et venir la voir de son plein gré. C'est sans doute pour cette raison qu'ils s'entendent aussi bien. Ils n'ont aucun a priori l'un envers l'autre, aucun préjugé. Ils prennent juste leur relation comme elle vient. Si seulement ça pouvait être comme ça pour tout le monde. Si seulement tout le monde pouvait être inoffensif comme ces deux-là. Certes le monde ne serait pas parfait, mais la vie serait plus facile à vivre. Quoi qu'il en soit, Sara était heureuse de revoir Dong Chul. Le seul fait qu'il vienne la voir chaque jour où il était a Gidae la rendait reconnaissante. Avec le temps, c'est sûr qu'ils deviendront de bons amis. Il faut dire aussi qu'ils étaient deux grands enfants. Comment ne pas s'entendre quand on a ce genre de point commun, n'est-ce pas ?

Comme la plupart des gens normalement constitués, Dong Chul pouvait se sentir embrouillé, abasourdi voir déconcerté par les propos de Sara. Comme ici. Et complètement dans son monde, elle ne se rendait même pas compte que ce qu'elle disait pouvait provoquer ce genre de réaction chez les autres. C'était tellement logique pour elle aussi. Alors la seule chose qu'elle rétorqua à Dong Chul c'est : « Bah oui. » Allo ? Dong Chul, t'es bête ou quoi, ça coule de source hein. Rha, des fois les gens pouvaient être tellement bizarre. Mouais, en fait il ne vaut mieux pas essayer d'entrer dans la tête de cette femme. Elle prit sa boisson dans la machine à café – sans savoir sur quel bouton elle avait appuyé – et le garda en mains comme pour se les réchauffer tout en écoutant Dong Chul parler de sa femme bien aimée. Elle fut d'abord surprise qu'il ne savait pas comment elle allait. Heureusement qu'il prit la peine de s'expliquer. D'abord, elle se sentit triste pour lui. Elle fit la moue comme une enfant en lançant un petit : « Oww. » Puis une question vint lui piquer son petit esprit. Un brin de curiosité l'obligea à lui demander : « Mais alors, pourquoi vous vous êtes mariés si elle ne t'aime pas ? » C'était logique en même temps. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle allait en savoir un peu plus sur sa vie. Ce qui était étrange, c'est que bien qu'elle soit triste pour le pauvre jeune homme, elle avait subitement envie de tomber amoureuse d'une personne. En voyant Dong Chul sourire et rougir en abordant le sujet de sa femme, elle avait juste le désir de pouvoir aimer quelqu'un pour pouvoir ressentir les mêmes choses que lui. Ça avait l'air super chouette en fait. Mais elle ne se doutait pas qu'il devait aussi souffrir de la situation. Tomber amoureux d'une personne qui ne vous aime pas, ça fait mal et c'est dur à vivre.

« Mais bon, toi comment tu vas ? Tu ne t’es pas faite attaquée par quelqu’un j’espère ! » Elle se posta tel un soldat, la tête haute mais toujours le sourire aux lèvres. « Moi je vais toujours bien, sache le. » Puis elle éclata de rire en se détendant à nouveau, un bras sur son ventre comme si c'était la meilleure blague du monde. o.o et c'était pas tout. Elle prit cette fois la position d'un boxeur, les deux mains devant son visage, et le gobelet en plastique qu'elle n'avait toujours pas bu soit dit en passant. « Tu sais, je sais me défendre et je ne me laisse pas faire si un résident me veut du mal. » Elle bougea ses poing comme si elle allait se battre, faisant tomber un peu de liquide du verre par terre sans s'en rendre compte. C'est vrai que pour l'instant, elle touchait du bois – comme on dit chez moi xD. Il ne lui était encore rien arrivé. Elle n'y était pas encore assez longtemps pour se faire des ennemis. Mais on ne lui souhaite rien de tel. Elle prit enfin le temps de boire une gorgée de son gobelet. Alors qu'elle aurait dû être surprise de sa contenance, recracher ou encore crier que c'était maivais – parce que c'était de la soupe à la tomate – elle avala simplement en mettant une main devant la bouche, l'air complément équerrée avant de poser son verre sur la petit table contre le mur. Elle tourna son regard vers Dong Chul. « Ben c'était pas bon... Tout à l'heure je réfléchissais à ce que je voulais prendre. Tu vas m'aider. J'hésite entre un bon café bien noir pour me remettre d'aplomb ou bien une petit thé au citron pour... pour me remettre d'aplomb aussi ! » Grimaçant parce que pour elle, le choix était dur, elle se tourna vers la machine et chercha comme tout à l'heure de l'argent dans ses poches. Sauf que cette fois, elle ne trouva que deux petites pièces de 500 wons et il lui en manquait une. Tête baissée, elle fit un demi-tour sur elle-même et s'adressa au jeune homme. « Dis, tu veux bien me prêter 500 wons ? Promis, je te les rendrais ! » Et cette fille n'a qu'une parole. Même si, 500 wons c'était pas grand chose en fait.