Je suis sure que chacun de vous a un jour rêvé de devenir un super héros. De défendre le faible envers et contre tous et tout le toutim. Mais vous qui rêvez ne vous rendez pas compte de ce qu'un vrai super-héros pouvait endurer.
Bon, c'est vrai, Kei n'était pas réellement un super héros mais plutôt une espèce d'adolescent qui estimait injuste le traitement réservé par la justice aux faibles. Il ne l'avait que trop bien vu. Il est tout a fait possible de corrompre les tribunaux, quels qu'ils soient.
Enfin quoi qu'il en soit, son boulot à lui, c'était de s'assurer que les pauvres escroqués par les riches puissent s'exprimer et avoir leur revanche.

Pour cela, il avait des méthodes diverses et variées. Infiltrer les milieux de ses proies et en apprendre un maximum sur eux, ou alors leur faire un bon gros chantage pour qu'ils cèdent et rendent l'argent. Bref, on peut dire que ca ne se faisait jamais réellement en douceur et qu'il avait donc le revers de la médaille. A savoir, il était pas mal détesté dans les milieux bourgeois etc...Sans parler des représailles fréquents de ses victimes.

Voilà deux jours que les crises ne s'étaient pas déclenchée. Ce qui l'emplissait d'aise mais l'inquiéter aussi. Il ne pouvait savoir quand cela le lui reprendrait, et franchement, il préférait etre préparé. Pourtant, il se sentait pratiquement normal, ce soir là, en empruntant comme tous les jours la route l'emmenant de Yonsei à chez lui. D'ailleurs pour une fois, il ne dut pas réfléchir à deux fois avant d'emprunter le bon chemin.

Il s'étira en ronronnant comme un chaton qui aurait eut sa pâtée quotidienne. Pour une fois, il n'était pas inquiet, pas peureux à l'idée de rentrer seul chez lui mais impatient de se poser et regarder un drama avec une bonne pizza pour se recomposer de cette grosse semaine. En effet, il ne travaillait jamais le Vendredi soir.
Seulement, Dieu, si il existait, avait un drole de sens de l'humour ou une envie soudaine de faire le mal, car soudainement, cinq hommes se présentèrent devant lui, lui bloquant le chemin.
Un peu surpris et interloqué lorsqu'il manqua de rentrer dans l'un d'entre eux, mais ne se laissa pas démonter. Il s'excusa platement et se détourna pour les contourner.

Malheureusement, son intuition s'avéra bonne lorsqu'il se sentit retenu par le col, tant et si bien qu'il se sentit étouffer.

-Qu'est ce que je peux faire pour vous ?

L'un des hommes cracha par terre avec un air méprisant et fit craquer les jointures de ses doigts, faisant reculer le japonais de quelques pas.

-Ne fais pas l'innocent, petit con !

Avant qu'il n'ait put fuir, les hommes l'encerclèrent totalement. Tournant comme un lion en cage, il parvint à éviter un premier coup de poing en se baissant. Un coup de pied, un coup de tete...Jusqu'a ce qu'il sente violemment frappé en plein visage.
Il eut la sensation que quelqu'un était entrain de fendre son crane de l'intérieur. Avec un cri, il tomba au sol, laissant le champ libre aux hommes pour le rouer de coups.

Devant ses yeux défilaient les mêmes images qu'il voyait à chaque fois lorsqu'il faisait une crise. Pour la plupart des images de l'accident, parfois d'autres qui n'avaient aucune suite, aucune cohérence, sa tête lui faisait tellement mal qu'il ne s'était meme pas rendu compte que les cinq gars s'acharnaient méchamment sur son corps et sur son visage déjà ensanglanté.

Il le vit déboucler sa ceinture et la retirer comme si il regardait un film et non que ca lui arrivait à lui. Ils les sentirent déchirer sa chemise comme si il ne s'agissait que du papier mâché. Le plus grand et le plus fort de tous leva la ceinture au dessus de sa tete, près à frapper. L'escroc prit sa tête dans ses mains et hurla.
Puis il se rendit compte que la ceinture ne s'était pas abattue sur son dos. Et que les autres avaient arrêté de ricaner autour de lui.

{{ Plus je les regarde, plus ils me semblent insignifiants. Ils vont ils viennent, pavanent, attendent la gloire. La jeunesse est fade ; quelques fois j'en viens à penser qu'ils seraient plus distrayants dans un zoo que ces pauvres bêtes auxquelles on a pas vraiment laissé le choix … }}


Un soupire léger, une volute de fumée échappée à ses lèvres. Le soir il n'est pas rare de l'apercevoir assis sur le rebord d'un mur, un livre à la main une fois la journée achevée. Légèrement insomniaque Shin dort peu voir moins et la lecture est encore son passe temps favori.
Aujourd'hui ne fait pas exception, il lit tranquillement, jette un oeil sur ce qui l'entoure de temps à autre puis se replonge car finalement autour de lui rien ne pourrait le forcer à refermer le volume déjà bien entamé.

La nuit tombe, il fait bon pour la saison. Les pages tournent à rythme régulier, les mots s'enchainent et pourtant, quelque chose trouble la lecture du jeune homme. Des voix ? Chose banale qui ne le ferait pas sourciller en temps normal mais il lui semble bien avoir entendu un cri. Il se lève, un automatisme, les veilles habitudes de garde du corps ont la vie dure décidément. Quelques pas, une allée voisine et il les aperçoit. Cinq types, des gros bras au style de combat grossier, des molosses sans doute élevé au fil de la rue. A croire que les gens sont plus stupides encore …


{{ Je ne saurai m'empêcher de penser à eux, à mes mentors d'autrefois, à mon père m'apprenant à encaisser comme un homme digne de ce nom doit être capable de le faire. Quand on voit ces types, comment les respecter ? La loi du plus fort les a sans doute mené à se défendre au mieux mais elle n'a jamais servi que de prétexte à leur violence, à leur besoin de domination sur autrui. Pathétique, la liste des adjectifs pourrait être longue encore ; mais un regard pour leur victime et cette fois un seul mot les désigne : lâches. }}


Il ne tarde pas à reconnaître Kei ce garçon qu'il a plus d'une fois aidé et qui gît au sol. Pas d'hésitation, frapper un homme à terre est pour Shin le comble de tout ! Il s'avance, le pas rapide et saisit au vol la ceinture. Un coup sec vers l'arrière et le bras de l'homme craque de façon sinistre dans l'air nocturne. Les ricanements se taisent, les yeux s'agrandissent, un instant de prostration et le japonais enchaine d'un coup de pied derrière le genou de l'autre, lui pliant la jambe jusqu'à le faire chuter.

_ Cassez vous.

Ils sont sans doute limités, mais pas totalement imbéciles. Leur chef, le plus fort est maintenant agenouillé alors quelle chance ont-ils ? Ils peuvent tenter, mais Shin n'est pas un petit caïd cognant à tout va, s'il frappe ce sera pour faire plier. Ils partent, marmonnant un « on te retrouvera » et Shin glisse le regard sur le jeune homme. Puis il ôte sa veste, la plie pour la glisser ensuite sous la tête de Kei.

_ Tu m'entends ?

Mauvaise réponse ou évasive, et ce sera un appel pour l'hôpital. Il connait sa maladie, les risques et mieux vaut rester prudent. Prendre des coups, ce n'est jamais sans danger …

Kei avait mal très mal. C'était un peu comme si à chaque fois ces crises cherchaient à innover dans le supplice afin de le faire craquer. En plus, elles intervenaient toujours dans les pires situations, comme dans les moments ou il devait sauver sa peau en gros. Mais bizarrement, à chaque fois que c'était le cas, c'était comme si une bonne étoile veillait sur lui et l'échappait de finir en charogne.
Et cette bonne étoile se nommait Shin, Soba Shin.

Comme est ce qu'il s'en rappelait ? Ca c'était une bonne question. On aurait put croire que depuis le temps, il aurait put l'oublier au moins une fois. Mais non, a vrai dire ce sexy élève un peu froid restait définitivement gravé dans son esprit et ne voulait définitivement pas en sortir, pour le plus grand bonheur de Kei, qui appréciait drôlement sa compagnie...Peut etre un peu trop pour leur sécurité d'ailleurs.

Mais revenons au moment présent. Sa tête menaçait d'exploser comme une citrouille sans qu'il ne puisse rien faire pour se soulager, étant donné que son tube et ses cachets avaient roulé jusque dans le caniveau avec la violence de la bagarre.
Il entrouvrit les yeux et vit aussi son précieux porte clé, une petite figurine de verre à moitié brisée pendant sur le coté.
A la vue de cet objet si précieux dans un si piètre état fit violemment revenir les maux de tete qui l'obligèrent à se recroqueviller sur lui meme.

_ Tu m'entends ?

Cette voix...Il l'entendait bien sur....Et elle sonnait tellement douce à ses oreilles, si douce qu'elle réussit à calmer son cœur cognant dans sa poitrine et sa peur. Les monstrueux hommes tatoués avaient tous fuis devant un jeune homme presque aussi peu corpulent que lui...
En temps normal, il aurait fit mine d'etre offensé, après tout, c'était son honneur qui était bafoué. Il était censé etre le robin des bois de cette ville. Défiant sans aucun mal les plus grands pour rendre leur argent aux plus pauvre.
Quel genre de justicier se faisait battre aussi facilement ?

Mais en le voyant se pencher sur lui, et le dévisager de son regard froid, mais inquiet, il ne ressentit que du bien etre et du soulagement. Il sourit faiblement et hocha la tête. Il essaya de parler mais sa gorge était sèche à cause des cris qu'il avait poussé.

Il avala sa salive difficilement et ouvrit de nouveau la bouche.

-Ca va, merci, je vais bien.

Bon, effectivement, on pouvait dire que ses blessures disaient bel et bien le contraire. Pourtant il décida de se lever difficilement mais manqua de tomber directement, heureusement, le japonais était la pour le rattraper.
Le plus jeune regarda autour de lui d'un air perdu et chercha dans ses poches d'un air désespéré.
Puis il attrapa le porte clé et le serra de toutes ses forces dans sa main jusqu'à ce qu'une goutellette de sang y coule délicatement.
Soudainement, il fondit en larmes, sans vraiment savoir pourquoi.

-Shin... J'ai oublié comment rentrer chez moi...

Et peu importe combien il creusait dans sa petite mémoire, il n'y arrivait pas.

{{ J'ai beau chercher je ne vois pas où est le plaisir de frapper un homme à terre. Quitte à se battre autant bien le faire, selon moi du moins. Il prétend aller bien, sa phrase sent le mensonge à des kilomètres mais je ne le contredirai pas, me contentant de le rattraper lorsqu'il chavire. Il est vraiment imprudent … }}


Fatalement, Shin sait qu'il ne reconnaît pas vraiment l'endroit où il se trouve, qu'il cherche, qu'il est perdu. Mais il ne pipe pas mot, il attend et bientôt les larmes du jeune homme confirment ses pensées. Une fois de plus il a oublié, une fois encore il panique et parce qu'il est la seule personne qu'il semble incapable d'oublier, c'est à Shin qu'il implore de l'aider.
Et ce dernier ne restera pas sourd, comme chaque fois il sera là. Pourquoi ? Oh, il ne se pose plus la question. Il ne comprendra jamais l'horreur de voir ses souvenirs bouffés comme du bois rongé par une colonie de termites ; il ne peut qu'imaginer, compatir … un peu au moins.

Alors il s'avance, ramasse sa veste qu'il jette sur son épaule. La fraicheur du soir ne semble pas déranger le japonais dont les bras son pourtant dénudé par un marcel noir et bientôt il avance, lui accordant un signe de tête.

_ Viens. C'est par là …

Il pourrait lui tendre la main, l'entourer mais non, Shin n'est pas de ces gens capables de telles manifestations. Il est glacial, asocial, mais il est présent. Alors il a sa conscience pour lui, pas besoin de sourires ou de belles paroles pour faire quelque chose de bien après tout.
Le trajet n'est pas si long et bientôt le brun s'arrête, reportant son regard sur Kei.

_ C'est ici, tu as tes clefs ?

Car oui c'était possible qu'il ne les ai pas, qu'il les ait oublié et alors Shin lui ouvrirait sa porte comme il l'avait déjà fait auparavant. Il lui prêterait son lit, son chez lui … comme une évidence sans même chercher à comprendre.

Dans ce monde de fou, l'escroc se rendait compte qu'il n'avait qu'une seule bouée de sauvetage, et c'était Soba Shin. Cet homme qui était si différent de lui semblait lui apporter une partie de ses souvenirs perdus. En tant normal, il ne l'aurait sans aucun doute pas côtoyé. Il ne l'aurait peut être même pas apprécié. Mais c'était comme si le destin les amenaient à se retrouver, encore et toujours.

Lorsqu'il fondit en larmes, son compagnon ne frissonna même pas et resta totalement stoïque devant son désarroi. Et bizarrement, Kei lui en fut très reconnaissant car il se serait senti encore plus mal et diminué si il l'avait traité avec condescendance. Ca le faisait lui apparaître d'autant plus désirable (à croire qu'il n'appréciait que les hommes qui risqueraient de le blesser, de toute évidence).

_ Viens. C'est par là …

Il le suivit, tellement peu sur d'ou il allait qu'il ressemblait à un enfant allant pour la première fois dans un endroit inconnu. Ses membres étaient douloureux, si bien qu'au fur et à mesure que les rues défilaient, il envisageait sérieusement de s'asseoir un peu. Mais Shin marchait au devant sans meme se retourner.
Alors s'entourant de ses bras dans un geste qu'il aurait voulu rassurant, il continua de marcher docilement jusqu'à ce qu'il arrivent tous deux devant un grand immeuble.

Une sensation agréable vint se disperser dans son cœur. Oui, cette sensation, il la connaissait, c'est celle que l'on éprouvait lorsqu'on se sentait chez soi. Pourtant rien de cet endroit ne voulait se manifester à son bon souvenir.

_ C'est ici, tu as tes clefs ?

Il chercha dans ses poches, et heureusement, ses doigts vinrent rencontrer le métal des clés qui se mirent à cliqueter légèrement.
Il les sortit de sa poche et lui tendit un peu comme si c'était une bombe prête à exploser et resta derrière lui tout le temps qu'il ouvrait la porte.
L'odeur à l'intérieur lui était familière, et doucement, il s'habitua à l'ambiance d'un endroit qui lui semblait inconnu.

Il se tourna vers son compagnon et lui sourit doucement.

-Je suis désolé de t'avoir mit dans cette situation...merci Shin...

Il tourna autour de lui, son visage encore taché de sang séché. Ça aussi, il l'avait oublié, qu'il s'était fait violemment blesser lors de cette bagarre. Et il n'était pas bien beau à voir à cet instant.

-Est ce que je peux t'offrir quelque chose à manger ?

Honnêtement, il craignait fortement de rester seul ici. Et si Shin pouvait rester avec lui, ca le soulagerait tellement !

Visiblement il a ses clefs, un soulagement. Voilà qui évitera de faire trente six allez retours pour ce soir. Kei n'ouvre même pas sa porte, un peu comme si son trousseau lui avait brûlé les mains. Mais Shin ne dit rien, une fois de plus il s'en empare et ouvre la porte. La chose est familière, il l'a déjà ramené ici des dizaines de fois déjà et cela ne semble pas prêt de finir. Aussi, lorsqu'il entre dans l'appartement l'endroit est bien loin de lui être inconnu.


{{ Tout me parle, les objets me sont devenus familiers. Un comble … lui qui oubli, moi qui me souviens trop bien de tout. Au moins, je me souviens pour deux. Je sais qu'il ne pourrait pas feindre, qu'il se perd réellement, qu'il est aujourd'hui comme tant d'autres jours avant … l'esprit à moitié vide. }}


A ses remerciements, le brun hausse lentement les épaules. Il n'a pas à s'excuser, n'a aucun merci à dire. Shin le fait en son âme et conscience, il le fait sans rien attendre. Dans un sens, il n'aime pas ce genre de phrases, il n'aime pas ces mots là. Parce qu'il ne les a jamais réellement entendu, qu'ils sonnent mal à ses oreilles.

_ Non je n'ai pas faim.

Il pose sa veste sur le dossier, son livre sur la table et se retourne vers son hôte, le visage impassible, mais il le fixe pourtant. Bientôt, il revient à sa hauteur, entour son poignet de sa main et l'entraine vers la salle de bain. Il faut nettoyer tout ça.
La pharmacie contient tout le nécessaire pour cela et il en sort rapidement coton, compresses et désinfectant après avoir obligé Kei à s'asseoir. Une habitude, il s'est très souvent soigné lui même avant de s'occuper des autres. Ses gestes sont nets mais patients, faisant glisser les tissus blancs sur toute blessure, en chassant le sang séché.

Cette situation, cette proximité ; c'est assez étrange. Il sait bien que le jeune homme n'est pas qu'une simple connaissance, qu'il est désormais une réelle présence dans sa vie mais jamais Shin n'oserait songer à quoi que ce soit de plus profond. Leur rencontre était pourtant des plus prometteuses sur le point de vue du plaisir … mais non, rien. Peut-être n'étaient-ils pas fait pour être amants ? Difficile à croire …

_ J'ai fini, prend une douche ça te fera du bien.

Mais il sait comme Kei est mal à l'aise, parce qu'en définitive il ne reconnaît rien de son chez lui alors comme pour le rassurer, Shin tourne la tête, plonge son regard d'encre dans le sien.

_ Je reste là, t'en fais pas …

Une main passée sur sa tête, doucement ; un geste un seul mais venant de lui … c'était déjà un privilège.

Bizarrement, à chaque violentes crises telles que celles ci, la présence de cette homme froid et silencieux était bien plus salvatrice pour lui que si il se trouvait avec sa bande de copains extrêmement bruyants qui n'auraient pas arrêté de lui poser des questions. Bien sur, c'était pour son bien etre et pour l'aider, mais il n'avait besoin que d'une seule chose, se sentir en sécurité, avoir une présence douce et familière pour l'aider à récupérer un à un les souvenirs liés à cet endroit.

Les plus simples comme « ou est rangé le shampooing? » lui revenaient généralement dans la nuit. Malheureusement, c'était toujours les plus importants qui s’effaçaient. Des souvenirs heureux de son enfance, parfois carrément un visage, un rendez vous, ou encore un important devoir. En plus d’être douloureux, c'était terriblement embarrassant et handicapant. Le jeune homme se sentait toujours mal de devoir infliger tout cela à son ami. Bien que celui ne montrait aucun signe de gêne.

_ Non je n'ai pas faim.

-Oh. Alors...

Il allait lui demander si il avait soif, mais avant qu'il eut le temps de rouvrir la bouche, il sentit ses doigts se refermer sur son poignet délicatement, comme si il était entouré d'un léger vent glacé.
Il se laissa faire, non sans sentir son cœur s'accélérer, sous l'effet de je ne sais quoi de délicat qui s'insinuait dans ses veines.
D'habitude, il n'était en aucun cas du genre à obéir à qui que ce soit. Il avait toujours eu un tempérament très sanguin et ne se laissait pas faire.
D'ailleurs, c'était la pire des humiliations pour lui. Mais quand il était avec Shin, il oubliait tout ce coté de sa personnalité.

Les mains du jeune homme étaient douce et pourtant ne trahissaient aucune hésitation. Il était sur que si elles avaient légèrement tremblé, il aurait eut très mal. Il ferma les yeux et se laissa donc panser, laissant son corps se relaxer légèrement.
Quand il les rouvrit, il n'avait plus mal à la tete et la salle de bain lui semblait déjà plus chaude et plus familière.
Il sourit et frola très légèrement le poignet de son compagnon de ses doigts.

-Merci...

_ J'ai fini, prend une douche ça te fera du bien.

Le plus jeune hésita un moment. Il n'avait pas envie de se séparer de lui, il avait vraiment peur qu'il s'évanouisse dans la nuit et qu'il ne le revoie pas avant sa prochaine crise.

_ Je reste là, t'en fais pas …

-Hun, d'accord, acquiesca t'il, soudainement rasséréné.

Comme lui avait conseillé le jeune homme il se rendit dans la douche après avoir changé ses vêtements poisseux de sang. L'eau très douche l'aida à se détendre totalement et à presque oublié les évènements de la soirée, qui eux malheureusement, restaient bel et bien gravés dans sa mémoire.
Lentement, il se changea de nouveau pour enfiler un pantalon de pyjama et un top tank. Il sécha ses cheveux rapidement et rejoint son ami au salon.

Heureusement, comme il l'avait promis, il était toujours là. Le plus jeune homme arborait une légère expression de surprise, en le voyant assis dans le noir, tel une statue. Mais sans un mot, il s'approcha de lui et posa sa tete contre son épaule sans éprouver de gene face à ce geste. Rassenéré, il soupira doucement en fermant les yeux.

-Je ne sais pas comment tu fais, à toujours etre la au bon moment pour moi....

Sans s'attendre à ce que son ami ne passe un bras autour de ses épaules pour l'attirer contre lui, il ne se retira pourtant pas.
La sensation de son geste affectueux quelques instants auparavant restait dans sa tete.

-On passe énormément de temps ensemble, finalement, mais j'ai l'impression de ne rien savoir de toi. C'est comme si tu n'étais pas réel.

Le jeune escroc rit de la bêtise de ses propres propos.

{{ Je n'allume pas la lumière, assis sur le canapé j'attends sans réellement comprendre mes propres raisons. Je ne m'explique rien de ce que je fais en se présence, comme un refus permanent de l'abandonner à son sort alors je reste, toujours, à chaque fois. À lui tendre la main sans rien espérer … }}

Dehors la nuit est noire, la lune peu présente et souvent masquée. Au loin, les illuminations jaunes, la ville est bien plus belle lorsque le jour s'est évanoui. Tendant l'oreille, il écoute l'eau couler, ruisseler depuis la douche, attentif qu'il est de nature. Question de pratique, autant intervenir vite s'il entendait quelque chose de suspect. Connaissant l'état de son hôte, autant agir vite s'il venait à tourner de l'oeil.

Le voyant revenir, il lui jette un regard évasif, sans réellement le fixer à travers la peine ombre de la pièce. Il semble aller mieux que quelques minutes plus tôt, c'est un soulagement en soit. Bientôt le voilà assit aux côtés de Shin, la tête sur son épaule. Combien sont-ils à avoir osé ce geste et combien sont-ils à avoir pu demeurer ainsi, si proches, intimes ? Très peu en réalité. Pratiquement inexistants. Saori peut-être ? Parce qu'il la sent plus proche de lui que tout autre, question de feeling ? Sans doute l'ignore-t-il autant qu'il ignore les trois quart du monde …

Être là … en effet il ne saurait être loin de Kei lorsqu'un problème pointe son nez. Il n'y est pour rien malgré tout, n'allez pas croire qu'il le suit ce serait bien trop exagéré. Non, finalement peut-être est-il simplement présent au bon moment, quand d'autres tourneraient les talons. Un soupir alors, parce qu'il n'y a rien de particulier à dire ; pas de réponse précise.

La réflexion pourrait lui tirer un sourire s'il était plus expressif ; le connaître ? Bof, personne ne le connait ici. Parce que personne ne prend le temps de le cerner pour de bon, qu'il n'en dit pas beaucoup non plus. Aux yeux des autres Shin est un parfait mystère … Bien réel malgré tout.
Mais peut-être Kei se sent-il étranger au jeune homme ? Possible, pourtant les lèvres du brun resteront closes, parler de lui n'est pas un passe temps dont il use ou usera. À son sens, cela ne regarde que lui. Alors il penche la tête, cherche le regard de Kei, un murmure en réconfort.

_ Pourtant je suis là, te faudrait-il un preuve supplémentaire de mon existence outre ma présence ?

Une provocation peut-être, une supposition sinon … à Kei de voir.