Les yeux à demi-fermés, les cheveux devant le visage, Natsumi semblait loin, très loin du siège de métro sur lequel elle somnolait depuis plus de dix minutes. Soudain, une voix qui annonce une station qu’elle ne connaît que trop bien. Elle se leva brusquement à peine la voix automatique s’était tue et se rua de justesse hors du véhicule, alors que les portes se refermaient sur elle. Elle rajusta immédiatement sa jupe et son manteau, puis s’avança dignement vers l’escalator, comme si rien ne s’était passé. C’était encore tôt, le nombre de gens pressant le pas vers la sortie était impressionnant. Depuis quelques semaines maintenant, Natsumi faisait ce trajet tous les jours, bien qu’il ne la menât pas à l’université de Yonsei, où elle était étudiante. Non, depuis quelques semaines, elle était devenue la baby-sitter à plein temps de la petite Choi Min Ah, fille de la directrice d’une des plus grandes agences judiciaires de Séoul. Natsumi rêvait de pouvoir travailler comme avocate sous ses ordres, raison pour laquelle elle avait accepté ce job de baby-sitter alors qu’elle détestait les enfants.

« Bonjour, je viens chercher Min Ah. » Natsumi attendit à l’entrée de la grande demeure Choi le temps que la fillette dévale les escaliers en courant et la rejoigne pour aller à la crèche. La Japonaise attrapa la main de la petite âgée de quatre ans et se mit en route avec elle, lui demandant si elle avait passé une bonne nuit. C’était devenu son petit rituel et finalement, Natsumi commençait à apprécier Min Ah, bien qu’elle ne voulait pas l’admettre. La petite était une vraie peste, mais plutôt mature pour son âge en définitive. Après tout, elle passait tout son temps sans sa mère, qui était trop occupée avec son travail. Elles marchèrent en bavardant, main dans la main, pendant environ dix minutes, puis arrivèrent à la fameuse crèche. Natsumi en salua le directeur, qui accueillait les bambins à l’extérieur tous les jours. Elle accompagna ensuite Min Ah jusque dans la salle de « classe », où elle salua également la maîtresse. Puis, alors qu’elle disait au revoir à la petite fille, la Japonaise entendit une voix familière se rapprocher jusqu’à se trouver à seulement quelques mètres d’elle : Yamada Keisuke et les autres pères célibataires de la crèche venaient d’arriver. Natsumi les avait trouvés pitoyables en voyant à quel point ils semblaient fiers de réussir leur devoir de père célibataire et ce Keisuke n’était pas mieux qu’eux. Discrètement, Natsumi s’approcha du petit groupe. « Keisuke-san, vous avez de la compote sur votre habit, là, en bas. » dit-elle le plus naturellement du monde, en pointant de son index le bas du t-shirt qu’il portait. Puis elle leva les yeux et plongea son regard dans celui de Keisuke, croisant les bras en attendant sa réponse.

Lacets noués, fermeture éclair remonté jusqu’au col du gilet, Keisuke embarqua son petit Haroro en hâte. Dire qu’ils étaient en retard aurait été une exagération inutile, disons plutôt qu’ils n’étaient pas en avance ; le petit garçon avait eu bien du mal à ouvrir ses yeux endormis et son manque d’énergie s’était répercuté sur les rituels matinaux. Pas de quoi se mettre la pression, Kei’ était par ailleurs très détendu, le trajet était un plaisir et son fils ensoleillé même les matinées pluvieuses ! Tout au fond de lui, le japonais souhaitait rencontrer la nouvelle nourrisse de Min Ah, une amie de classe proche de son bout de chou, et même si cette rencontre était peu probable ce matin-là, il l’espérait sincèrement.

A l’entrée de l’établissement destinée aux enfants, un attroupement de père célibataire se créa ; il s’agissait des amis de Keisuke, qui lui était d’une grande aide depuis son arrivée dans la sphère Coréenne. Tout les quatre se digèrent à l’intérieur du bâtiment, chahutant bruyamment des dernières frasques de leurs progénitures, blaguant gentiment, etc… Les enfants s’enfoncèrent au bout d’un couloir, au fond duquel se trouvait leur salle de classe. Les pères continuaient leur discussion, se préoccupant moindrement des présences les entourant. Kei’ fût surpris par l’approche discrète qu’entreprit la demoiselle. Un sursaut, un pas en arrière, puis il pivota automatiquement sa tête pour découvrir qu’il s’agissait de Natsumi, et bien qu’il aurait voulu la saluer, son regard se porta sur la tâche qu’elle pointait. « Ah… merci, Natsumi-san ! » Les autres géniteurs prirent un air sceptiques, s’attendant à tout moment à une remarque déplacée de la part de la jeune femme, prêts à rétorquer au besoin ! Beaucoup était au courant qu’elle avait tendance à s’en prendre gratuitement au pauvre Keisuke. Le japonais farfouilla énergiquement dans le sac, où se trouvait toutes les affaires nécessaires pour Haroro, afin d’en ressortir un mouchoir blanc et une bouteille d’eau. Dans l’espoir d’effacer en majorité la tâche, il mouilla légèrement le mouchoir. Une mère pressée passant par là, bouscula le jeune père dans son élan, laissant s’échapper l’eau sur le chemisier de la future avocate. Bouche grande ouverte, un soupir de surprise lui glissa d’entre les lèvres ! « Je suis désolé ! Je… tenez ! » Ne connaissant pas la manière adéquate pour répondre à cette situation, Keisuke resta stoïque, tendant machinalement le bout de papier mouillé à Natsumi. Tous les pères retinrent leurs souffles, s’attendant au raz-de-marée judiciaire.

Natsumi s’était éloignée de Min Ah sans lui dire au revoir, comptant revenir vers elle avant de quitter la crèche. Elle s’était approchée du petit groupe de pères célibataires avec l’intention de s’informer sur le tournus des gardes et sur la personne qui prendrait en charge plus longtemps les enfants le soir-même. Depuis qu’elle était devenue la baby-sitter de Min Ah, elle avait été intégrée à ce tournus sans trop savoir comment. Ca l’arrangeait la plupart du temps, mais lorsqu’elle se retrouvait à son tour entourée de quatre bambins surexcités et d’un bébé criard, Natsumi regrettait de s’être embarquée dans une pareille aventure. Pourtant, à ce moment-là, elle oublia la raison pour laquelle elle était venue, à cause de la fameuse tâche sur le t-shirt de Keisuke. « Ah… merci, Natsumi-san ! » La Japonaise acquiesça silencieusement d’un signe de tête. Elle ne comptait rien ajouter, étant consciente qu’elle avait sûrement déjà bien embarrassé son compatriote ; son but n’était tout de même pas de se montrer complètement exécrable. Les choses se gâtèrent néanmoins lorsque Keisuke, après avoir été bousculé, renversa une partie de la bouteille d’eau qu’il comptait utiliser pour nettoyer sa tâche… sur Natsumi. La Japonaise baissa automatiquement les yeux vers l’endroit qui avait été mouillé et eu le malheur de découvrir que son chemisier blanc était devenu transparent à cet endroit. Sans laisser davantage de temps aux pères célibataires de voir son soutien-gorge, elle referma brusquement son manteau et croisa les bras. « Je suis désolé ! Je… tenez ! » Il resta planté là, la main tendant un bout de mouchoir mouillé dans la main. « Un mouchoir mouillé ? Pour essuyer quelque chose ? Vous êtes bête ou quoi ? » Natsumi se retourna quelques instants et ouvrit à nouveau son manteau pour constater l’ampleur des dégâts. On distinguait bel et bien la partie gauche de son soutien-gorge ; elle aurait mieux fait de mettre le blanc au lieu de choisir son grenat bien voyant… Elle tourna la tête en direction de Keisuke : ses yeux lançaient des éclairs dans sa direction. « Vous vouliez voir mes sous-vêtements, n'est-ce pas ? Je le savais! Je vais vous poursuivre pour harcèlement sexuel ! » Natsumi essora son chemisier, puis ferma son manteau et se retourna vers le groupe d’hommes. Il n’y en avait pas un pour rattraper les autres. « Bon. Qui garde les enfants ce soir ? »

La journée débutait « bien »… une nouvelle fois. Dès leur première rencontre, Keisuke s’y prenait mal, de la manière la plus involontaire possible, et disons qu’elle transformait chacun de ses gestes en catastrophe, ce qui ne l’aidait pas ! Ses intentions avaient été pures depuis le début, malgré l’imagination débordante de la jeune Natsumi. Aujourd’hui encore cela tournait au vinaigre… Lorsque l’eau avait atteint le tissu blanc de la demoiselle, il avait immédiatement détournait le regard sur la droite, où son fils étouffait ses rires derrière une main. C’était le genre de scène habituelle que le groupe vivait après tout ! S’en suivit les réflexions tranchantes de la nourrisse, Kei’ n’eût pas de réaction particulière, il était encore parti pour s’excuser, son expression se radoucit à l’aide d’un sourire des plus gêné, mais avant d’avoir pu ouvrir la bouche les autres pères célibataires se manifestèrent ! Les trois hommes s’étaient regroupés en meute autour de Keisuke, afin de lui assurer une protection suffisante - on ne pouvait se permettre un deuxième cassage de nez. « Vous êtes un vrai démon ! Keisuke-kun est un pauvre homme innocent ! » Tous hochèrent systématiquement de la tête pour approuver. Kei’, lui, était coincé entre trois corps. Au milieu du chahut, sa voix roque s’imposa « Ce n’est pas grave ! Je serai plus prudent la prochaine fois ! » Il se détacha de ses amis, se tournant vers sa progéniture, avant de le prendre dans ses bras. L’enfant murmura quelque chose à son oreille. Keisuke sourit, et annonça clairement qui était de garde ce soir. « C’est vous, Nanba-san. Haroro semble réjouit à cette idée ! » Le gamin gigota brusquement afin d’exprimer son enthousiasme, il avait le même sourire que son père ; impossible de douter des origines du junior ! « Nanba-chan, tu veux venir manger à la maison ce soir ?! Papa va cuisiner ! » Keisuke fixa, stupéfait, son enfant. « Hé ?! »

Si Natsumi avait décidé de laisser ce pauvre Keisuke souffler un peu (oui, elle était bien consciente qu’elle n’était pas des plus agréables avec lui…), le destin en avait décidé autrement. Après qu’elle se soit énervée à cause de cet accident de bouteille d’eau et de chemise transparente, les trois compères à côté du Japonais décidèrent de s’attaquer à Natsumi. « Vous êtes un vrai démon ! Keisuke-kun est un pauvre homme innocent ! » Elle les toisa de la tête aux pieds, silencieuse dans un premier temps. Ce n’était vraiment pas difficile de comprendre pourquoi ils étaient toujours célibataires malgré leur progéniture ; aucun d’entre eux ne valait la peine qu’on ne s’arrête sur lui ne serait-ce qu’une seconde. C’est d’ailleurs pour cette raison que Natsumi ne daigna pas leur répondre et se contenta de leur adresser un sourire moqueur. Elle hocha la tête en entendant Keisuke annoncer qu’il serait plus prudent et ajouta qu’il avait plutôt intérêt et qu’elle ne tolérerait pas un autre événement semblable. A sa question du tour de garde, elle n’obtint malheureusement pas la réponse qu’elle espérait : « C’est vous, Nanba-san. Haroro semble réjouit à cette idée ! » Muette, Natsumi compta alors sur ses doigts ; la veille et les deux jours d’avant, les trois idiots avaient gardé les enfants et la fois d’avant… C’était Keisuke. Aujourd’hui était donc bel et bien son tour. Elle soupira bruyamment, pensant que sa soirée à plancher sur son devoir de droit tombait à l’eau. « Nanba-chan, tu veux venir manger à la maison ce soir ?! Papa va cuisiner ! » Natsumi leva les yeux instantanément et fixa le petit Haroro, qui se trouvait dans les bras de son père, avant d’exprimer sa surprise en même temps que Keisuke : « Hé ?! / Hé ?! » Elle regarda alors le Japonais, troublée de cette synchronisation. Natsumi refusait d’ailleurs de l’admettre, mais Keisuke la troublait plus souvent qu’elle ne le souhaitait sans savoir pourquoi. « Merci pour l’invitation Haroro-kun, mais… » « Natsumi-san, dites ouiiiiiii ! » Natsumi tourna la tête pour voir Min Ah à côté d’elle, la regardant avec un grand sourire. La Japonaise ne savait plus quoi penser, entre le petit garçon, son père et la pestouille qui se tenait à sa droite. Bien évidemment, elle ne voulait pas passer un moment avec Keisuke, mais Min Ah semblait très heureuse à cette idée. Et elle était payée pour faire ce que Min Ah voulait. « Très bien alors, si Keisuke-san n’y voit pas d’inconvénients… » Elle espérait qu’il dirait que si, qu’il ne pouvait pas les recevoir. Mais elle savait très bien qu’il n’était pas comme ça et qu’il les accueillerait avec un plaisir non dissimulé. Et au plus profond de son être, Natsumi espérait que ça serait le cas. Mais ça, elle l’ignorait encore.

Le chahut régressait, l’habituelle ambiance sereine de la crèche englobait de nouveau les lieux en souveraine. On entendait le rire des enfants, les voix des adultes discutant tranquillement, et le groupe. Une monosyllabe s’éleva soudainement, deux adultes venaient de faire part de leur surprise : Keisuke et Natsumi. Il s’agissait d’une réaction dû à l’innocence d’un enfant, celui de Kei, et bien que le jeune homme fût étonné, il n’était pas contre l’idée émise par le petit garçon ! Il lança un regard désolé en direction de l’étudiante, murmura gentiment à son fils que ce genre de choses ne se faisaient pas, mais peu importe, Haroro semblait trop enjoué pour faire marche arrière ! « Aller Nanba-chan ! » Penchant sa tête sur le coté, sourire tiré jusqu’aux oreilles, il était impossible de refuser quoique ce soit à une bouille pareille ! Qui plus est, malgré la tentative de refus de la jeune femme, Min Ah renchérit de son coté. Evidemment, Keisuke accueillait cette soirée, de dernière minute, avec enthousiasme, lui qui aimait tant ces regroupements, et puisque personne, dorénavant, n’était plus contre l’idée, il annonça solennellement « Bien, nous nous retrouverons tous ce soir au restaurant de mon cousin ! ». Les trois pères démontrèrent leur joie, et Kei’ lança un sourire en direction de Natsumi, « Pour me faire pardonner ma maladresse. » Un des hommes, n’appréciant pas la remarque, se sentit obligé d’intervenir. « J’espère que vous saurez vous tenir, ce soir, Nanba-san ! » puis il se tourna vers Kei’, l’air consterné. « Tu es vraiment trop gentil avec elle… » Keisuke lui assura que ce n’était pas le cas, mais peu importait. Natsumi appréciait sa cuisine, et il était heureux d’avoir à cuisiner pour elle ! « Papa, je pense que tu devrais uniquement invité Natsumi. C’est toi qui dois te faire pardonner ! » Cet enfant était rusé, malheureusement son géniteur ne se doutait de rien. « Ah mais… je ne crois pas que Nanba-san apprécierait… » Allait-elle le rembarrer, et décliner ce semblant de rendez-vous ? Gigotant de nouveau, Keisuke dût remettre son fils par terre ; le petit fonça directement vers Natsumi. « Ce serait mieux non ? »

Pourquoi avait-elle accepté d’aller manger chez Keisuke ? Elle savait au fond que ce n’était pas tant vis-à-vis de son poste de baby-sitter qui devait répondre aux moindres envies de la petite, mais qu’il y avait autre chose. Peut-être voulait-elle vraiment faire plaisir aux petiots ? Cela ne lui ressemblait absolument pas. Pour elle, ce n’étaient que des gosses qui savent à peine tenir sur leurs pieds et avec qui on ne peut pas tenir de réelles conversations. Pourtant, elle avait l’impression d’avoir beaucoup appris depuis qu’elle côtoyait Min Ah, Haroro et même cet idiot de Keisuke. Les enfants n’étaient pas si terribles que ça finalement ? « Aller Nanba-chan ! » Natsumi regarda Haroro, puis l’impossible arriva : elle lui sourit, un sourire aussi instinctif que maternel. Elle se surprit elle-même à faire une telle chose, ce n’était vraiment pas dans ses habitudes. « Tu as gagné petit monstre, je rends les armes ; je viendrai avec plaisir. » Les deux petits sautèrent de joie, bien qu’aucun ne sache réellement le sens de l’expression ; ils avaient bien compris que leur plan fonctionnait à merveille. « Bien, nous nous retrouverons tous ce soir au restaurant de mon cousin ! (…) Pour me faire pardonner ma maladresse. » Natsumi acquiesça d’un hochement de tête. Elle ne l’admettrait pas, mais l’idée de pouvoir manger la cuisine de Keisuke l’enchanta. Sa joie fut de courte durée, puisqu’un des gugus de pères célibataires décida de protéger le Japonais : « J’espère que vous saurez vous tenir, ce soir, Nanba-san ! (…) Tu es vraiment trop gentil avec elle… » Alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, Keisuke parla et elle décida alors de ne rien dire. Puis Haroro, sans crier gare, annonça que seule Natsumi devait être invitée, parce qu’il le lui devait. La Japonaise le fixa, sans vraiment comprendre comment un petit bonhomme comme lui pouvait avoir des idées pareilles. « Ah mais… je ne crois pas que Nanba-san apprécierait… » « Je… » Natsumi n’eut pas le temps de répondre que déjà Haroro fonçait sur elle et leva les mains en l’air. « Ce serait mieux non ? » La jeune femme demeura un instant silencieuse. La situation devenait complètement hors de son contrôle et elle n’aimait pas du tout ça. Reculant d’un pas, elle prit finalement la parole, non sans s’être éclairci la gorge auparavant : « C’est à ton père de décider Haroro-kun. Maintenant, veuillez m’excuser, mais je dois y aller, mes cours vont bientôt commencer. » Elle se tourna vers Min Ah, lui donna ses recommandations habituelles et lui promit d’être là à la fin de la classe. Puis elle se courba devant le groupe de pères, s’excusant de prendre congé aussi soudainement, et quitta la crèche. Une fois dehors, elle ralentit le pas et posa ses mains sur ses joues. Mais que se passait-il donc ?

« C’est à ton père de décider Haroro-kun. Maintenant, veuillez m’excuser, mais je dois y aller, mes cours vont bientôt commencer. » Haroro sembla frustré lorsque la sentence tomba. L’enfant baissa les yeux, fixant le sol, et retourna direction vers son père. « Natsumi-chan a sûrement raison… » De quoi faire culpabiliser Keisuke, mais ce n’était pas aussi simple, il avait déjà invité le groupe et il savait parfaitement que les trois pères objecteraient à l’idée d’abandonner leur Kei’ aux griffes saillantes de la jeune femme. En un instant, Natsumi fit ses au revoir, incapable de se décider sur le moment, il l’observa quitter les lieux, jusqu’à disparition complète de la silhouette féminine. « Papa, papa ! Vas-y ! » Il semblait gêné à l’idée de faire bond aux autres pères, toutefois il savait que la bonne décision devait être prise. « Je reviens… Je suis désolé ! » Il se courba prestement, tournant le dos au groupe et fonça à travers le couloir afin de retrouver Natsumi. Effaré, l’un des pères haussa le ton « YAH! KEI-CHAN! » La plainte résonna, mais Kei’ était déjà à l’autre bout et son attention aurait été inutile ! Il ne remarqua pas la geste victorieux que son fiston mima, mais cela exprimait qu’une bataille semblait gagnée. Arrivé au niveau de l’étudiante, il se stoppa dans son élan. Il posa une main son l‘épaule, afin qu’elle puisse retourner « Nanba-san, j’espère vous retrouver ce soir, nous ne serons finalement que quatre. Qui plus est Haroro semble ravi à cette idée ! » Un sourire timide se dessina sur son visage, sur lequel transparaissait une infinie joie ! Ce rassemblement aurait des airs de repas de famille, et dieu savait que Keisuke était friand de ce genre de choses ! « Je dois y retourner, mais votre présence serait précieuse. » Il se courba face à elle, cette fois-ci, avant de faire demi-tour. Un dernier sourire échangé, un signe de main en guise de « à ce soir ! ». Il ne lui avait même pas laissé le temps de s’exprimer, dans le pire des cas il essuierait un refus - ce à quoi il s’était habitué. Près à affronter les représailles de ces actes, il se fit sévèrement réprimander par ses amis, s’excusant platement pour son correctement, néanmoins au fond de lui, il était heureux. Oui, son cœur bondissait d’une indescriptible joie !

TERMINE.