Tcch. Il croyait convaincre qui avec ses airs de génie ? Hyo Sonn n’était pas stupide. Elle voyait bien que derrière le long discours de ‘ j’ai étudié à Harvard’, de ‘Bill Clinton est mon meilleur ami’, de ‘ j’ai travaillé au MIT’ du professeur, quatre-vingts pourcent était faux, voir plus. Elle le fixait plus intensément, d’un regard méprisant. Rien qu’à sa façon de donner des cours, il y a de quoi se poser des questions. Au lieu d’expliquer convenablement la physique, il ne faisait pratiquement que raconter sa vie. Il était en manque d’attention ou quoi ? C’était à se demander comment il avait fait pour être recruté. A tous les coups, il avait tellement embêté la direction avec ses histoires, qu’elle avait finit par céder. En tout cas, ça l’énervait et pas qu’un peu. Elle avait cette horrible sensation de perdre du temps pour rien. Un soupir bruyant sortit de sa bouche. Il allait continuer encore longtemps avec ses ‘oh combien magnifique aventures’ ? Un deuxième soupir arriva quelques minutes plus tard. Ca sentait le roussi, bientôt l’irrespectueuse Choi allait faire surface. Le jeune homme entreprit cette fois de se vanter sur son impeccable anglais – non-existant au passage -. Ce fut la goutte en trop pour la brune qui savait mieux que quiconque comment était l’Amérique et à quel point son nez grandissait au fur et à mesure de ses mensonges. “YAH ! Who do you think you are? If you’re so great, you should have become the president.”

Sans aucune gêne, la demoiselle se leva de son siège et quitta l’amphithéâtre comme si de rien n’était. De toute façon, ce n’était pas une grande perte, il ne restait plus que dix minutes avant que la cloche se mette à sonner pour annoncer la pause de midi. De plus, elle avait des fourmis dans les pieds à force d’être sur une chaise, se bouger un peu ne pouvait que lui faire le plus grand des biens. Elle se promena dans les couloirs vides sans but précis et s’arrêta parfois de classe en classe pour voir ce qui s’y passait par la petite fenêtre, juste par curiosité. La jeune femme décida de se prendre un chocolat chaud à une automate pour se remonter un peu le moral. Elle devait rejoindre sa grande sœur Yong Sook pour dîner ensemble un peu plus tard. Devait-t-elle l’attendre derrière la porte où l’aînée avait cours ou se rendre déjà à la cantine ? Avant même de trouver une réponse, la cloche retentit. Elle trouva une poubelle pour jeter son gobelet et lorsqu’elle se retourna, une fille inconnue s’avança vers sa direction. Hyo Sonn vérifia rapidement autour de soi, oui c’était bien vers que elle que venait l’étrangère.

Pourquoi j’ai comme une impression de… déjà vu ? Baby I swear, it’s déjà vu~ Pourquoi les cours sont aussi ennuyants et pourquoi cet enseignant reste sur le côté droit de la salle. Eh oh, monsieur, j’suis à gauche moi, c’est moi votre chouchoute, pas la blondasse du fond. Ah, je vois, elle vous a surement fait des approches pour essayé d’avoir la meilleure note à l’examen. Foutaise, elle croit vraiment pouvoir me dépasser ? Chiffonnant le polycopié de mes deux mains, plissant les yeux et ajustant la hauteur de ma main, je m’apprêta à jeter cette boule blanche dans la corbeille que mon camarade avait volontairement déplacé d’un mètre environ pour accentuer le niveau du jeu. Ca fait cinquante-cinq minutes que le cours à commencer et j’ai déjà franchit sept niveau, j’ai battu mon record. Je m’amuse en cours parce que ce professeur nous refait la même leçon que la dernière fois pour faire comprendre à cette même blondasse que- « Mademoiselle Son ? » « Professeur Kang ? » « Vous viendrez me voir à la fin du cours, pensez aux arbres en jetant ces feuilles. » Hein ? Je n’ai jamais pensé au bœuf qu’on a tué quand j’en mange, pourquoi je penserais aux arbres quand je jette une feuille. Soupirant, je tourne les yeux et balaye la salle du regard. Ils me regardent tous, comme ci je venais de dire des injures à voix haute. Le soupire du professeur signala la fin du cours, la cloche sonna juste après et tout le monde se rua vers la porte, l'un d'entre eux me frottant le haut du crâne. « C’était bien essayé Yun Ji, mais tu pourras jamais franchir le niveau sept. »

L’enseignant posa ses deux mains sur son pupitre et me fixa, les yeux plisser, il devait surement préparer sa morale. Fermant mon sac, je vais pour me tenir droite devant son pupitre. Il ne tire pas un mot et continue de me fixer. C’est déstabilisant mais… Seigneur, qu’il est beau. « Choi Hyo Sonn, va lui donner ça. C’est une deuxième année, elle est- » Attrapant le paquet de feuilles, je m’incline légèrement et quitte la salle après un soupir bruyant pour lui faire comprendre que son cours était ennuyeux que de regarder Totoro 6 fois de suite. Toutes les coréennes se ressemblent, comment il veut que je la différencie, à coup sûr il allait me sortir qu’elle a les cheveux longs et bruns, une raie au milieu, pas de frange et une taille fine. Ca va un peu quoi. Je commence à arpenter les couloirs pour trouver cette… Choi… quelque chose. Après avoir demandé des renseignements à quelques enseignants, je finis par le trouvé. Je m’approche d’elle et m’incline légèrement. « J’avais pas tort. Choi… Hyun.. Hyeong.. Qu’importe, c’est de la part de Monsieur Kang. » Lui tendant le léger paquet de feuille, j’hausse un sourcil. Bon, elle le prend ou merde ?

Aiish. Cette machine posait encore des problèmes. Hyo Sonn avait dû cogner plusieurs fois avant qu’un gobelet ne sorte pour se remplir de chocolat chaud. Elle aurait piqué une crise si cet engin lui avait piqué ses sous. Avoir été élevé dans une famille de onze enfants vous garantissait d’être économe, chaque pièce comptait, et elle était l’exemple même. Elle prit sa boisson et récupéra l’argent rendu. Allez savoir pourquoi, le chocolat chaud était un des seuls éléments qui arrivait à la calmer et à lui faire oublier ses soucis. Il y avait eut un temps où c’était devenu une drogue, lorsqu’elle devait se rebeller constamment contre ses parents. Cette dépendance avait fini par guérir au fil des années, cependant il y a toujours des fois où il est dur de résister à la tentation. Etre seule dans les couloirs était assez étrange, c’était comme si le silence gouvernait pourtant si proche des bruits des classes. Dès que la fin des cours était annoncée, la situation s’inversait. C’était dans les pièces que le silence s’installait et dans les couloirs que le bruit envahissait. Quelques minutes plus tard, la fille inconnue avait finit par la rejoindre et Sonnie s’inclina également. “ J’avais pas tort. Choi… Hyun.. Hyeong.. Qu’importe, c’est de la part de Monsieur Kang. ”

Des papiers de son professeur ? Ah oui, ça lui revenait en tête, la jeune femme avait demandé des exercices supplémentaires pour s’entraîner chez soi. Elle aurait pu prendre les documents calmement et l’affaire était réglée, sauf que ce n’était pas aussi simple. Personne ne s’en prenait à la fierté de la cadette Choi sans avoir été remise à sa place. Tss, cette gamine avait un problème de mémoire pour ne pas se souvenir convenablement d’un nom, et pas n’importe lequel en plus. “ Choi-Hyo-Sonn. C’est Choi Hyo Sonn mon nom, trois mots, c’est si dur que ça à retenir ? Tu verrais mieux de l’apprendre correctement, ma p’tite. Je ne suis pas n’importe qui. ” Son ton était sarcastique et froid. Vous allez voir, attendez juste quelques années et elle deviendra le meilleur médecin de la Corée, non de la Terre. Elle ne restera pas dans l’ombre et tout le monde connaîtra son prénom sur le bout des doigts. Elle prit le courrier assez brutalement et le déchira avant de la jeter à la poubelle. “ Vu que tu ne sembles que douée pour être messagère, dis à monsieur Kang de me donner les papiers personnellement et non par une élève quelconque. ”