Je savais que le monde était d’une cruauté à en couper le souffle, mais depuis ce soir, depuis Halloween, je m’étais isolé du monde. Je parcourais les couloirs vides de l’internat malgré la décoration macabre. Je prenais une longue inspiration, me risquant à sortir un peu, me dirigeant vers le seul emplacement que je pensais inoccupé. J’avais allumé mon mp3, les oreillettes enfoncées dans mes oreilles pour ne pas entendre les cris de frayeurs et les pleures des autres élèves. Mais en cours de route, je m’arrêtais, jetant un coup d’œil à ce qui m’entourait. Des couples qui se tenaient dans les bras, en larmes. Je me souvenais de ses bras, ceux de mon frère qui m’enlaçait avant de me faire pleurer. Silencieusement, je me suis mis à pleurer, m’appuyant contre le mur avant de me laisser tomber assis sur le sol. La décoration dans l’ensemble me mettait mal a l’aise même si elle était fortement réussit. Je me suis mis à tousser un peu, marchant à quatre pattes, un petit temps pour ensuite sursauter en sentant une main sur mon postérieur. Criant de peur, je me redressais, courant plus vite qu’a la normal, déglutissant lorsque j’atteignais une porte malgré la pénombre du couloir. Attrapant la poignée de la porte, j’hésitais à la tourner pour ouvrir cette dernière, j’avais peur de ce qui se trouvait derrière. Encore des mecs pervers en manque de relations sexuelles ou des objets qui mettent la frayeur aux élèves a leurs maximums. Puis, en entendant des voix dans le couloirs, je sursautais, ouvrant la porte de la salle de classe désaffecté sans réfléchir, prêt a pleurer tout en la bloquant avec une table, en voyant celle – ci bouger et des voix effrayantes derrière, reculant tout en tremblant, courant vers le bureau le plus loin pour me cacher derrière, me recroquevillant sur moi – même, pour ensuite prendre ma tête entre mes mains, pleurant d’avantage tout en me balançant dans le vide, comme si j’étais clairement possédé.

- Pas encore…. Par pitié…. J’ai assez donné…

Sursautant à chaque rire dans les couloirs, je m’allongeais doucement sur le sol, restant en « boule » comme un bébé…me mettant à trembler de peur, revoyant des scènes avec lui, ça m’en donnait le tournis, j’avais même envie de vomir… d’hurler. Savoir qu’il m’avait souillé plus d’une fois, arraché mon innocence plus d’une fois… j’avais la sensation que ma peau me brulait…me brulait de l’intérieur même. Au final, je n’avais même pas remarqué la présence de l’assistant du psychologue de l’établissement dans la pièce. Ce n’est qu’en voyant une ombre sur le sol que j’ai finis par faire une crise de panique, ayant des difficultés à rester calme et concentré. Je me laissais aller sur le dos, posant mes mains sur mon ventre tout en fermant les paupières, respirant plutôt d’un air rapide. Entendant des sons beaucoup plus intensifiés qu’a la normal. Comme le « tic – tac » de l’horloge pendu au mur, comme les bruits de pas dans le couloir, comme le bruit des pulsations de mon cœur dans mon torse. Puis, petit à petit, ma crise se dissipait, j’avais moins mal au cœur, moins la nausée. Pourtant, je restais tout de même allongé, me blottissant dans ma veste, enfonçant un peu mieux mon bonnet sur ma tête, camouflant mes cheveux blonds platine. Fermant les paupières pour pouvoir me calmer un peu. Toutes ses crises m’épuisaient, j’en étais conscient. Et le faite que je ne parlais à personne de ce qui m’était arrivé durant ces 4-5 ans m’avait littéralement bouffé de l’intérieur. Je regardais mes poignets, ou se trouvait encore mes marques de lacérations, je me mutilais pour oublier, pour oublier cette douleur qui me ronge tant. Par moment, je voulais même boire, avoir une cuite pour tout oublier… ou vendre mon corps pour ne plus y repenser, mais plus je pense à oublier, plus cette douleur me ronge l’estomac, le ventre, le cerveau... le cœur. … C’était comme si j’avais peur du monde extérieur… Je me mordillais la lèvre inférieur, incapable de parler, incapable de lui présenter mes excuses. Je voulais juste…. Juste respirer une dernière fois… apprendre à sourire une dernière fois… avant de laisser tomber pour de bon.