Le temps passe si vite dans notre si beau et enfoiré de monde dévasté par le peu d'intelligence des pauvres êtres humains que nous sommes. Non, je ne nous sous-estime pas, seulement faire de ce monde ce que... ben ce qu'on en a fait, c'est digne d'une carte d'invitation pour l'apocalypse. Pourquoi tant de pensées hargneuses envers l'être humain me demanderiez-vous ? Et bien, c'est en me promenant ce matin que j'ai fini par conclure l'idée que je commençais à me faire de ce qui nous entourent. Me baladant tranquillement dans les rues bondées de Séoul, je suis tombée sur un de ces écrans géant affichant la parfaite plastique d'un jeune entrepreneur au sourire digne d'une pub pour dentifrice. Ce jeune homme en question invitait le peuple asiatique à lui venir en aide pour sauver les temps modernes qui nous entourent en faisant cramer une forêt entière en l'honneur d'un futur centre résidentiel pour riches en mal d'amour et autres désaxés de la chirurgie esthétique. Des choses absurdes, j'en ai vue, certes, et celle-là n'était pas la plus convaincante. Pourtant, cela a été l'élément déclencheur de l'autodestruction de mon avis sur cette belle planète qui se meure petit à petit sous l'emprise des êtres humains. Bon, je ne suis pas vraiment écolo, mais un jour viendra où l'on devra se faire greffer sept poumons et créer un air artificiel pour survivre, à l'allure ou nos forêts disparaissent. Actuellement en phase d'autodestruction avec mon verre de tequila, les fesses posées sur le fameux canapé de l'appartement, entièrement refait à mes frais -et oui, les affaires vont bien depuis quelques temps- je regarde dans le vide en pleine crise d'impatience. Pourquoi donc ? Et bien c'est simple, l'homme que j'aime, mon colocataire, mon ex-collègue de travail et l'homme de mes grosses cuites va arriver d'une minute à l'autre pour une soirée enflammée. Enfin, presque.

Depuis que JiHyuk est parti pour Gidae, j'ai vécu un enfer, toute seule. Enfin presque toute seule, mon gros Haru est avec moi pour soulager ma peine et ma solitude. Même si je vis dans un rêve depuis trop de temps en ayant donné mon coeur à JiHyuk -qui, en passant, ma foutue un râteau- j'attends toujours avec impatience ses jours de sortie. Je suis chiante, collante et obstinée, mais que voulez-vous, rares ont été les élus de mon coeur. Par contre, rares ont été ceux capables de m'envoyer balader, c'est surement pour ça que je continue à l'aimer. JiHyuk. J'aime l'impossible et les choses trop faciles me font mal au crâne et me lasse. C'est ce comportement de garçon trop-bon-pour-savoir-ce-que-c'est-que-l'amour qui m'a fait craquer. (oui bon, une dose d'alcool et quelques baisers volés aussi m'ont aidée à me faire un avis sur la question). Mais que sera sera, je combattrai jusqu'à ma dernière goutte d'alcool pour ce cher monsieur Ko.

Non sans arrêter de penser à JiHyuk, je vais me regarder dans le miroir histoire de voir si je n'ai pas une tête à chier contre. Je ne suis pas particulièrement artificielle et narcissique, mais il faut bien faire passer le temps, hein ? Regardant tranquillement mon reflet dans le grand miroir baroque de l'entrée -oui, j'ai des problèmes psychologiques avec les promotions chez les antiquaires- je fis tourner mes glaçons dans mon verre, l'air de rien en me mordant la lèvre inférieure. Me décidant enfin de lâcher le miroir du regard, je commençai à faire les cent pas dans le petit appartement situé juste au-dessus du Pinocchio, mon bar à moi, mon petit bijou de l'année. Avec le temps, la patience et des prêts j'ai enfin pu réaliser mon rêve. J'avais, un jour, songé à demander à JiHyuk d'être mon acolyte pour cette magnifique expérience, mais ce jour-là, il a été enfermé à Gidae. Et donc, plus de Hyukie à la casa, plus aucune espérance excitantes à se rendre ivres morts dans ce qui aurait été notre propre bar. Non non, rien de tout ça. Depuis maintenant quelques mois, c'est toute seule que je me murge la gueule, assise sur le comptoir, seule au monde avec les ronflements de mon gros toutou d'Haru, avachit sur une des banquettes de la salle, un verre dans la main et une cigarette dans l'autre. M'enfonçant profondément dans mes petits malheurs tout en grattant l'oreille de mon chien, j'entendis, enfin, la clef tourner dans la serrure de la porte d'entrée. Me redressant d'un coup, aussi vite que l'éclair, je me cognai à l'étagère pleine de livres, faisant tomber au passage toute ma collection de mangas et comics en tout genre, sur, bien entendu, ma propre caboche. « AIIIISH ! » criai-je d’une voix cassée par les paquets de cigarettes fumés à la vitesse grand V.