Encore une mission terminée. Il est passé minuit, je me les gèle. En ce moment, je n’ai qu’une envie : rentrer me fourrer sous une couverture devant la Tv, un chocolat chaud entre les mains. Non, mais sérieusement ! Me faire sentir par un froid de canard pareil, faut être malade ! Et qui plus est, pour flirter avec un jeunot boutonneux. Non, mais je vous jure. Oui, je sais, je n’ai rien à dire. C’est le grand chef qui ne décide pas moi. Ce n’est pourtant pas ca qui m’empêchera de faire entendre ma mauvaise humeur. Parfois, je me demande s’il a au moins un peu pitié de moi.

C’est ainsi que je me retrouvais a erré dans les rues du quartier de Let’s Party pour rentrer au plus vite chez moi. Enfin c’est ce que j’espérai, car c’était sans compter sur des petits emmerdeurs qui retarderaient sans doute mon retour.

- Hé ma belle ! Tu cours où si vite ? Attends-nous, on va bien s’amuser.

Qu’est ce que je disais ? je me retournai et reconnu les trois types de la discothèque qui n’avaient cessés de me reluquer tout au long de la soirée. Ca me paraissait déjà étonnant qu’ils n’aient pas cherché à m’accoster dans la boite. Je comprenais mieux maintenant. Ils attendaient juste que je sois seule et loin de tout regard.

- S’amuser ? Mon cul ! Je ne suis pas d’humeur les gars ! Dégagez avant que je ne me fâche !

Je continuai mon chemin sans leur prêter grande attention. C’est alors qu’un m’attrapa par le poignet et me fit pivoter sur moi–même. Je le regardai surprise de tant d’audace. Ca m’aurait fait vibrer si je n’étais de si mauvaise humeur ou s’il aurait été beau garçon. Il avait juste une tronche de rat.

- Regardez-moi cette tigresse ! J’adore !

Dégoutant. Tout simplement dégoutant. Je ne fis que le toiser avant de lui donner un bon coup de genou dans les bijoux de famille. Celui-ci me lâcha pour se tordre en deux de douleur.

- Je t’ai pourtant prévenu que je n’étais pas d’humeur.

J’allai partir quand un des deux autres types qui était resté en retrait jusque là, me fonça dessus. Il me gratifia d’un ‘salle garce’ avant de recevoir mon talon gauche dans l’omoplate. Il poussa un cri de douleur. Ah bah oui ! Un talon de 10 centimètres ca ne fait pas toujours du bien. Celui que j’avais congédie d’un coup bien placé revint à la charge. Il devait être masochiste celui-là. Les mains dans les poches de ma veste en cuire, je lui octroyai un coup arrière du pied droit. Je fis bien attention d’enlever ma chaussure à haut talon pour éviter un minimum de dégât cette fois. Malgré ca, on aurait dit qu’il venait de recevoir un missile en plein dans la poitrine. Il gisait à terre à trois mètre de moi. Entre temps, je vis les deux autres me charger tels des taureaux. Je pris ma chaussure à talon et la lançai en direction d’un des gars. Il fit immédiatement assommé. Le deuxième hésita un instant avant de continuer à la vue de son compagnon. Mais ce ne fut qu’un très cours moment d’hésitation. Il aurait du écouter sa raison. Il finit comme ses deux autres partenaires, c’est-à-dire, agonisant sur le sol par un simple revers du droit ainsi que d’un coup de boule d’acier. Je les observai quelques minutes.

- Je vous en mettrai des tigresses, moi ! Mais t'avais raison : on s'est amusé !

Amusée par leur remarque, j’allais faire demi-tour pour rentrer chez moi. Quand je vis un mec adossé à un mur me fixant.

Qu’est ce qu’il avait à me regarder comme ca celui-là ? Mmmh…je l’observai un moment. Il me rappelait quelqu’un. Sa posture, sa façon de regarder… mais oui ! C’était Shin ! Que faisait-il ici à une heure si tardive ? Quoi qu’il en soit, il devait être la depuis un moment déjà. Le mégot de cigarette écrasé sur le sol en témoignait. Il n’avait pas arrêté de prendre cette saloperie. Je ne savais vraiment pas comment il fait pour fumer ca. Une odeur nauséabond et un gout infecte, très peu pour moi. Mais si il avait eu le temps de griller une cigarette entière, c’était qu’il était la depuis un petit temps, voire même pendant que je battais. Je le reconnais bien là : ne venir en aide qu’en cas de besoin. Ca ne me dérangeait pas plus que ca. Je sais très bien me défendre et les gars de bas niveau comme les trois de ce soir ne me font pas peur. Par contre, ce qui me dérangeait bien plus était le fait qu’il ait vu ce côté là de moi. Celui qui se trouvait à des années lumières de l’élève studieuse, travailleuse de Yonsei que tout le monde connaît. J’aurais préféré que personne de mon université ne le voit. C’était certain que si ca s’apprenait, ca monterait bien vite aux oreilles de mon très cher papa, qui ne tarderait pas à me faire payer ce manque de responsabilités. Et je pourrais dire bye bye à mon poste de rédactrice. J’espérais juste que Shin n’ébruiterait pas ce qu’il venait de voir.

Il était toujours appuyer sur son mur à m’observer d’ailleurs. Il ralluma une cigarette, me lançant un coup d’œil, il avait l’air de me lancer un défit. Mais quoi ? Aller savoir. N’y tenant plus, je m’approchai de lui d’une démarche assurée. Arrivée à sa hauteur, je lui arrachai sa cigarette des mains.

- Qu’est ce qu’il y a ? tu as vu un Pokémon ou quoi ? Et puis lâche ca, c’est de la saloperie !

Je m’installai à coté de lui dans la même position. Sa cigarette étant toujours allumée, je tirai un coup dessus. Je me mis directement à tousser.

- Bien ce que je disais : une vraie saloperie.

Puis je la lâchai par terre l’écrasant par terre. Ah oui ! Ai-je précisé que j’étais toujours de mauvaise humeur ?

Cette fois-ci, se fut à mon tour de regarder la scène telle une spectatrice. Comme l’avait fait Shin quelques minutes auparavant, je appuyai sur le mur, les bras croisés. J’observais avec œil espiègle le fait que Shin ait renvoyé cet pseudo-racaille. Moi aussi, je voulais m’amuser. Certes, j’étais d’une humeur exécrable, mais ca n’empêchait pas mon côté joueur de refaire surface. Mais ce n’était apparemment plus le moment de jouer. Le jeu était fini, le type partait déjà en courant. Je m’étais déjà défouler juste avant avec la petite bagarre, mais j’en redemandais encore. Allez savoir ce qui me passe par la tête parfois.

J’attendis que Shin ait repris une bouffer de sa cigarette. Ca ne m’enchantait guère, mais au moins, faisait-il attention à ne pas m’envoyer la fumée dans le visage. Le jeune homme reposa les yeux sur moi.

- Pour répondre à ta question … j'ai juste trouvé que tu te débrouillais bien. Puis si ça t'inquiéte, j’irai pas étaler ce que j'ai vu. Ce n’est pas mon style et tu le sais je crois …

Je levai les yeux vers lui. Je le fixai un moment la tête penchée sur le côté, me demandant si je pouvais lui faire confiance ou pas. Il ne pas jamais eu l’air du genre hypocrite. Mauvais garçon certes, mais hypocrite, jamais.

- Mmmh…Je pense que tu as du remarquer aussi que je n’accordais pas ma confiance facilement. Alors ne m’en veux si je me méfie. Et pour info, si tu avais un doute, les Pokémons, c’est les petits animaux qui sont enfermés dans des boules.

Je souris à cette pensée. Je m’étirai tel un chat paresseux. Ma mauvaise humeur était un peu dissipée et j’étais d’humeur à aller m’amuser.

- On bouge ou on reste planter là ?

Je pris la petite ruelle qui se trouvait à notre droite. Les mains dans les poches pour me couper un peu du froid, j’étais d’aplomb pour continuer la soirée. Se battre, danser, boire un verre ou je ne sais quoi d’autre ? Peu importe tant que je pouvais m’amuser et me changer les idées. J’avais envie de sortir pas pour une mission, mais pour moi. Mon humeur changeante à tout instant, il se pourrait tout aussi bien que arriver au bout de la rue, je ne veuille retourner chez moi. Tient, est-ce que Shin me suivait ?

Tout en marchant, je regardai le ciel à la recherche d’une quelconque étoile. En vain. Le ciel était sans nuage, mais il y avait trop de luminosité pour pouvoir voir les étoiles, d’ici. Trop d’enseigne lumineuse dans ce quartier. La petite ruelle débouchait sur l’artère principale. Il devait bien être une heure de matin et on se serait cru en plein jour. Dommage que tout cette lumière artificielle gâchait l’obscurité de la nuit. Les étoiles sont si belles...

- Donc ? Tu veux faire quelque chose de particulier ?

Mmmmh… ces mots me sortirent de ma contemplation. C’était la voix de Shin. Alors il m’avait suivi ? Tant mieux ! Je n’avais pas envie d’errer toute seule dans les rue. Ce n’est pas que ca me faisait peur, mais je ne dirais pas nan à un peu de compagnie. De plus, le garçon changeait de ceux que je fréquentai d’habitude. Je me retournai sans pour autant m’arrêter pour lui faire face. Je me retrouvai donc à marcher en arrière.

- Rien en particulier… Et toi ? Une envie ?

C’est la que je me heurtai à quelque chose. Mon dos était à quelque chose de dur, mais mou à la fois. Bizarre. Mais je compris bien vite ce que c’était quand j’entendis :

- Moi, j’en aurais bien une d’envie !

Je tordis le cou pour apercevoir ce qu’il y avait derrière moi. C’est la que je vis une tête. Je voulus m’écarter de l’homme qui se tenait là. Mais celui-ci m’attrapa le poignet. Je tirai pour libérer mon bras, mais sans aucun résultat. Ce mec avait de la poigne, ca c’était certain. Le lançai donc ma jambe en direction de son visage, mais il l’arrêta comme si ce n’était qu’une vulgaire brindille. Je me retrouvais donc là : un bras prisonnié de sa main gauche et la cheville dans son autre main. Je vous dis pas la possible de malade.

- Si vous aviez l’obligeance de bien vouloir me lâcher, ca serait très gentil, car voyez- vous, la position est quelque peu inconfortable.

Il me regarda, le sourire aux lèvres. Tous les conards de cette ville avaient décidés de tous sortirent ce soir pour me faire chier ou quoi ?

En moins d’une minute, le problème avait été réglé. Il n’avait suffit que quelques mouvements bien placés à Shin pour envoyer son adversaire dans le tas de détritus un peu plus loin. Il n’était qu’à sa place en somme : un déchet de la société. Je le regarde un moment étalé dans la poubelle avant d’avoir un sourire satisfait. je me tournai vers mon compagnon du moment qui m’observait. Il incarnait le calme, la sérénité. Savoir garder son calme pendant et après un combat est très important. Et apparemment, il n’avait aucun problème avec cela. Impressionnant. Il en faut beaucoup pour m’impressionner pourtant.

- Donc … un dernier verre avant de rentrer ?

La voix de Shin me sortit de ses pensées. Un dernier verre avant de rentrer ? Je regardai ma montre qui indiquait 1h30. C’est vrai que c’était moi qui avais proposée d’aller s’amuser avant de rentrer. Mais j’étais censée rendre mon rapport pour mon père avant 2h00. Mmmh … Décision difficile.

Avant de reculer, j’enlevai mes hauts talons et me mit à courir. J’attrapai la main de Shin que j’emportai dans mon élan. Je ne s’arrêtai que quand je fus devant une boite de nuit. J’avais choisi de m’amuser. Tant pis si mon père m’en voudrait. Ca n’était pas pour une fois. J’avais envie de danser, d’évacuer toute cette tension de ces derniers jours, de penser à autre chose, de m’évader…

Sans plus attendre ni demander à Shin si cela lui convenait, j’entrai dans le night club. Je tenais toujours Shin par la main, l’entrainant à ma suite. Je le conduisis directement au bar où je pris commande. Toujours sans le consulter, je sais ce n’est pas très poli, je commandai trois vodka. Une que je bus cul sec et que je reposai sur le bar. Je lui passai la deuxième et je pris la troisième en main. Je partis ensuite vers un table libre ne lâchant pas Shin une seconde. Ce n’est que quand je m’assis en poussant un long soupir que je lui lâchai la main.

- Si je ne faisais pas ca, j’allais reculer. J’espère que ca ne t’as pas trop dérangé.

Je n’attendis pas sa réponse, j’avais déjà presque finis mon verre et je regardais un direction de la piste de danse. Je lui demandais donc avec un petit sourire :

- Ca te dit de danser ?

Il ne dit rien sur le fait que ca l’avait dérangé ou non que je le prenne par la main pendant tout ce temps. Il faut dire que je ne lui avais pas laisse le choix non plus, mas vu sa réaction, j’en déduis que ce n’était pas bien grave. La réponse affirmative de Shin pour aller danser me fit plaisir. Je l’observai poser sa veste sur le dossier de la banquette. La mienne la rejoignit bien vite. L’air ambiant caressa mes épaules nues. Avec cette chaleur, ca faisait du bien.

Cette fois, c’était Shin qui m’invitait à le suivre. Son sourire était la parfaite invitation. Je finis mon verre avant de l’accompagner jusqu’à la piste de danse. Il se mit à danser. Je dois dire qu’il dansait plutôt bien et même très bien. Je se mis à bouger à mon tour, me déhanchant au rythme de la musique. Je me mis sur la même fréquence que les ondulations de Shin pour être en même temps que lui. La première chanson finit. Pendant tout ce temps, j’avais gardée mes distances. Shin était vraiment un mec bien malgré les apparences. Il aurait pu profiter de la situation pour se rapprocher ou tenter quoi que ce soit, mais il n’en fit rien. Je lui en étais reconnaissante. Il me respectait et c’était réciproque. C’est pourquoi je me rapprochai de lui à la limite de le coller sans hésitation et continuai à danser. Je savais qu’avec lui je ne craignais rien. Ca ne me dérangerait donc pas si ses mains décidaient de se rendre sur mes hanches et où elles veulent si c’est avec une certaine décence.

Je sentais l’euphorie de la danse, de l’ambiance et de l’alcool m’envahir peu à peu. C’était agréable comme sensation. Ca faisait longtemps que je n’avais pas ressentis ca. Les chansons défilaient les unes après les autres. On ne dirait pas comme ca, mais la danse c’est un véritable sport. J’aimais ces sensations qu’elle m’apportait, surtout quand en plus, mon partenaire dansait comme un Dieu. J’aurais pu continuer ainsi jusqu’au bout de la nuit.

Tout à coup, je me rendis compte qu’on avait plus de place pour danser. La raison : les gens avaient fait un cercle autour de nous et nous observait danser. Je me dressai sur la pointe des pieds pour approcher ma tête de l’oreille de Shin avant de lui murmurer :

- Tu sais ce qu’il se passe ?