Sept heures trente du matin. La journée commençait à peine et Natsumi attendait debout, dans la station de métro près de la maison de Min Ah. Cette Min Ah, c’était la petite fille dont elle s’occupait tous les jours, avant et après les cours. Elle avait appris en arrivant que la mère avait exceptionnellement amené sa fille à la crèche et qu’elle pouvait donc rentrer chez elle ; Natsumi ne se plaignit pas d’être ainsi libérée, bien qu’elle aurait préféré être avertie à l’avance. Checkant son téléphone portable, elle remarqua alors que sa patronne lui avait bel et bien envoyé un message, mais la Japonaise n’avait pu entendre la sonnerie puisque le téléphone était sous silencieux.
Une voix annonça que le métro entrait en gare. La station était étrangement déserte pour une heure comme celle-là et Natsumi en était étonnée. Le métro s’arrêta et elle entra à l’intérieur. Il n’y avait plus une seule place assise de libre, mais il n’était pas trop plein. S’arrêtant devant les sièges, elle agrippa l’une des poignées libres restantes et observa les gens qui se trouvaient autour. La plupart avaient le nez collé sur leur téléphone portable, à regarder dramas et films ou à textoter leurs amis et collègues. Une vraie génération de drogués de l’écran ! Natsumi, elle, avait eu son premier portable en arrivant en Corée ; elle ne l’avait acheté que par nécessité au final et elle ne comprenait pas tous ces gens qui passaient leur temps dessus. Ca servait pour les appels, les messages et point barre.
Après quelques arrêts aux stations suivantes, le métro était plein. Natsumi se retrouvait ballottée au milieu d’une vague humaine, s’éloignant malgré elle à chaque fois un peu plus de son point d’ancrage. Elle craignait devoir bientôt lâcher la poignée, son seul repère. Alors qu’elle peinait à rester en place, elle remarqua un homme au regard déshabillant et salivant. Elle finit par voir qu’il approchait ses mains du derrière d’une jeune femme rousse qui lui tournait le dos. Elle lâcha sa poignée, prise d’un élan justicier, et attrapa la main de l’homme, avant de s’écrier : « Si vous n’arrêtez pas tout de suite, je vous fais arrêter et condamner pour harcèlement sexuel. Je vous préviens, vous n’en réchapperez pas ! » Les regards se braquèrent sur elle et un cercle vide se forma naturellement autour d’eux. Natsumi ne le lâcha pas d’une fois des yeux ; son regard montrait à quel point elle avait de mépris pour les gens comme lui.