tenue.

« Troisièmement. Élément moral; il n'y a d'infraction légale que si le fait matériel a été commis par une personne apte à comprendre et à vouloir. » Et blablabla, et blablabla. Ennuyant ? Certainement pas pour Minae. Le droit c'était son truc. C'était sa vie. C'était son avenir. Pour le moment. Le professeur la remercia et lui demanda d'aller se rassoir. Ce qu'elle fit, avide de continuer le cours. Un des cours le plus barbant pour beaucoup de monde : le droit pénal. Malheureusement pour elle, la cloche sonna pour annoncer la fin du cours, mais aussi la fin de la journée pour pas mal d'élèves. Pour Minae, en revanche, c'était loin d'être finis. Juste après ce cours, elle avait rendez-vous avec son tuteur pour bosser encore et toujours son droit. Elle regarda sa montre et se rendit compte que normalement elle devait déjà y être. Elle s'empressa de ranger ses affaires, et fila vers une classe vide, lieu habituel de leur rencontre. Évidemment, la classe n'était pas la porte à côté, elle était à l'étage supérieur. -.-

Minae entra en trombe dans la classe, avec exactement 17 minutes de retard. Scotty était déjà là. Et il n'avait pas l'air content. La poisse, ça allait encore clasher, elle le sentait. En posant son sac sur l'une des tables, elle s'empressa de dire : « Excuse-moi, j'ai un peu de retard. Mais j'avais un cours juste avant. » Elle évita son regard, et sortit ses affaires tranquillement avant de s'asseoir en face de lui. Tout en passant une main dans ses longs cheveux, elle cherchait de l'autre une page dans un cahier. « Au fait, j'ai pas eu le temps de finir ce que tu m'as demander hier. J'avais un exposé à préparer pour aujourd'hui et ça m'a pris toute la soirée. ». Lentement son regard glissa vers Scotty, pour voir sa réaction. Contre tout attente, la miss avait un regard désolé, un regard bien rare pour la jeune fille.

Les yeux rivés sur l’horloge installée en face lui, le coréen ne cessait d’observer avec une attention particulière l’heure qui semblait passer plus vite qu’il ne l’aurait imaginé. Le regard impassible, le visage dur, il ne semblait guère enchanter & il y avait de quoi, selon lui. Cela faisait déjà quelques minutes qu’il attendait & c’était des minutes en trop déjà. Il fallait savoir une chose. Le coréen ne supportait pas l’idée d’attendre & il lui arrivait de laisser en plan certains de ses amis, même si c’était pour un rendez-vous important & c’était certainement pour cette raison que les femmes ne supportaient pas de sortir avec lui, car il avait tendance à partir soudainement, sans prévenir, sans demander son reste. Il avait une devise bien concrète : C’était à eux d’attendre & non pas à lui. Cela pouvait paraître égoïste, égocentrique même, mais c’était ainsi. Ses parents l’avaient fait naître comme cela & il ne pouvait rien contre cela.

Les bras croisés, l’air mécontent, Scotty commençait vraiment à en avoir marre d’attendre. D’ordinaire, il serait déjà parti, il serait retourné dans sa chambre, à jouer de la guitare. Juste en voyant qu’elle n’était pas là, il aurait fait demi-tour. Sauf qu’il faisait un effort surhumain pour Mi Nae & il restait à l’attendre. Elle ne devait vraiment pas avoir conscience de toutes les concessions qu’il faisait pour elle car attendre était pour lui une énorme faveur. Énervé, il faillit se lever, mais comme par hasard, ce fut à ce moment-là que, la jeune femme, qu’il attendait depuis plusieurs minutes déjà, arriva. Il lui lança un regard particulièrement inamical qu’elle ne sembla pas voir vu qu’elle évitait avec minutie son regard. Il resta donc dans cette position, sans sourciller, ni rien. En plus elle osait dire qu’elle était un « peu » en retard. Elle plaisantait il espérait. Elle était « trop » en retard & Scotty aurait bien insisté sur le « trop ».

Il se dit qu’il aurait mieux fait de partir quand la jeune femme lui avoua qu’elle n’avait absolument pas fait ce qu’il lui avait demandé. C’était la goutte qui faisait déborder le vase. Déjà, elle arrivait avec 17minutes de retard, il avait attendu, ce qu’il ne faisait jamais, & pour rajouter à cela, elle n’avait pas fait son travail, trop concentrée sur un exposé. Son regard se durcit un peu plus & il poussa un soupir insatisfait, comme s’il était désespéré & contrarié.

- Écoute Mi NAe. . .si tu crois que j’ai mon temps à perdre avec une fille qui n’est même pas capable d’arriver à l’heure tu te trompes & en plus si tu ne fais pas ce que je te dis de faire, ça va franchement mal se passer.

Il lui dit cela dans un ton sec, voir haineux, comme s’il lui en voulait pour quelque chose. Il perdait du temps à travailler avec elle, à essayer de l’aider, ce qui n’était absolument pas dans ses cordes & elle, elle le récompensait de la sorte.

- Si tu veux arrêter de travailler tu me le dis de suite que je ne passe pas mon temps à attendre une femme comme toi !

Le regard désolé de la jeune fille s'en alla bien trop vite. Mais comment voulez-vous réagir en entendant des paroles aussi désagréables. Après on s'étonne que Minae soit si froide avec les personnes qui ne font pas partie de son entourage proche. La seule chose qu'elle avait envie de faire à cet instant, c'était de ranger toutes ses affaires pour s'en aller. Malheureusement, elle ne pouvait pas. Ces heures de tutorat étaient obligatoires, aussi bien pour l'un que pour l'autre. De plus – et c'était beaucoup trop dur pour elle de l'avouer – elle avait besoin de son aide. Et comme elle n'était du genre à se laisser faire, encore moins par un homme de son espèce, la seule chose qui lui restait à faire était de rétorquer. « Ça y est, tu as finis ? Non parce que je ne voudrais pas interrompre tes gémissements. » Elle lui lança un petit sourire niais avant d'ajouter : « Tu sais, moi aussi j'aimerais bien me passer de ces heures de tutorat. Mais je te rappelle qu'on est dans le même bateau. J'ai fait l'effort de m'excuser, alors tu me fera le plaisir d'être un peu plus aimable, s'il-te-plait. ». Elle insista bien sur le '' s'il-te-plait '' et sans prendre la peine de lui jeter un regard, elle continua de chercher la bonne page dans son livre.

Tout ce qu'elle voulait, c'était travailler sans encombre. Et ça la mettait en rogne quand Scotty rechignait pour des détails si insignifiants. Il faut savoir que si on avait le courage de mettre des bâtons dans les roues de Minae, elle pouvait devenir une vraie peste. Et quand une telle personne ne faisait pas partie de ses amis, elle ne faisait pas de quartier. Comme dirait Scotty ''ça va franchement mal se passer''. Une fois sa page trouvée, elle leva enfin le regard vers le jeune homme et commenta : « Si tu veux bien, on va se mettre au travaille maintenant. Moi non plus, je n'ai pas de temps à perdre. ». Elle pointa ensuite du doigt une phrase qu'elle lit à voix basse. Elle voulait juste en finir vite pour se débarrasser de cet enfoiré. « Il faudrait que tu m'explique à nouveau la notion d'obligation.. ». Elle s'assit au fond de sa chaise, les bras croisés et son regard fixe dans celui de Scotty.

cours de droit des obligations.

Détestable. C’était exactement le mot pour qualifier la jeune femme qui se trouvait juste en face de lui. Tous les deux, ayant des caractères tout de même forts, avaient tendance à avoir régulièrement des altercations, comme c’était, encore une fois, le cas. Pourtant, malgré les apparences, Scotty avait une once d’amabilité vis-à-vis de Mi Nae, mais elle ne devait certainement pas réaliser. En plus, au lieu d’arranger la situation, elle ne faisait que l’envenimer. Il gémissait. Elle osait dire cela de lui, c’était lamentable & totalement énervant pour le coréen qui essayait, du mieux qu’il pouvait, de conserver une certaine placidité. Elle eut un petit rire ironique. Certes, elle avait fait l’effort de s’excuser auprès de lui, mais tout de même, elle aurait pu arriver à l’heure & surtout faire ce qu’il lui avait demandé. A quoi servait-il si elle ne faisait quasiment jamais ce qu’il lui demandait. Il savait qu’elle avait d’autres devoirs dans ses autres cours, mais elle pouvait pertinemment donner une heure, voir quelques minutes, à ce que lui, il lui donnait. Il savait depuis le début qu’il aurait dû refuser depuis un moment, qu’il aurait dû abandonner, mais malheureusement, s’il le faisait, il risquait d’avoir une terrible sanction & il ne voulait absolument pas avoir une correction à cause d’une fille comme elle, c’était lui faire plaisir.

Il croisa donc les bras pendant qu’elle chercha la page qu’elle ne semblait pas comprendre. Si elle n’avait pas son temps à perdre elle aussi, il se demandait bien pourquoi elle était là, elle pouvait partir si elle le désirait, il ne la retenait absolument pas. Au contraire, il allait être euphorique. Mais quelque part & au fond de lui, il savait que les cours d’aide qu’il donnait lui permettait quelque part de sortir de sa torpeur, d’aider au moins une fois sa vie, une personne. Il ne voulait pas l’avouer mais il savait que cela l’aidait à être plus clément, plus docile & surtout, cela lui permettait de réviser certaines notions.

- Ce n’est pas avec cœur que je le fais, mais puisque nous sommes tous les deux obligés, je pense que nous devons faire chacun des concessions.

Il prit donc le livre & le tourna vers lui. Il réfléchit un moment à comment il pouvait lui expliquer la notion.

- Déjà est-ce que tu as compris les deux définitions, car si ce n’est pas le cas, va falloir recommencer depuis le début. Donc si tu avais la gentillesse de me cibler ce que tu ne comprends pas, on va pouvoir ainsi finir rapidement au lieu de passer des heures sur des choses que tu comprends !

Se taire. C'était une chose qu'elle savait faire. Mais pas quand on la provoquait de cette façon. Certes, il aurait été préférable qu'elle ne dise rien, juste pour prouver qu'elle était la plus intelligente des deux. Cependant, ce n'était pas dans sa nature de se laisser faire. Ni dans celle de Scotty apparemment. Enfin, ça devait bien faire un mois et demi que ça durait et pour Minae, ça commençait à devenir lassant. Ces heures de tutorat étaient censées la faire avancer. Au lieu de ça, elle ne faisait que perdre son temps à remettre en place un égocentrique de son genre. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle était obligé de le supporter. Et croyez-moi, ce n'était pas une partie de plaisir pour Minae. Elle avait déjà en horreur d'approcher des personnes qu'elle ne connaissait pas, alors imaginez sa douleur quand elle devait passer une heure presque chaque jour avec ce gamin. Elle faisait un énorme effort, mais Scotty n'en avait que faire. Minae avait l'impression que pour le jeune homme, il n'y avait que lui qui comptait. Elle avait juste envie de lui foutre à la gueule qu'il n'était pas le centre du monde et qu'elle avait d'autres cours à côté. Mais bon, elle s'abstint puisqu'il avait l'air de se calmer. Un peu.

Quand il prit son livre, elle arqua le sourcil en le fixant d'un air dédaigneux. Elle ne supportait pas qu'il touche ses affaires. Et cette écœurement, elle ne l'avait qu'avec lui bizarrement. Elle reprit alors son livre en fronçant les sourcils et le tourna vers elle avant de plonger son regard dedans. C'est quoi qu'il n'avait pas compris dans sa phrase au juste ? Elle soupira. Ce qu'il pouvait être exaspérant. « J'ai bien compris la définition de l'obligation au sens large. Mais il faudrait que je revois celle au sens étroit. » Elle posa ses mains sur la table et se rapprocha de Scotty, qui était en face d'elle. « Votre majesté, j'ai le regret de vous annoncer qu'il va falloir recommencer depuis le début. » Il était là pour ça. Qu'il fasse son travaille, merde.

Y allait-il avoir un jour où la jeune femme allait cesser de lui causer des soucis ? Le coréen en doutait fortement. Tous les deux, dans la même pièce, cela ne faisait absolument pas bon ménage, la preuve encore aujourd’hui. Il y avait dans l’atmosphère une sorte d’animosité, comme si, ni elle, ni lui n’étaient heureux de se voir, ce qui n’était pas faux. Depuis le temps qu’ils travaillaient, chacun aurait pu faire un effort, ils en faisaient, mais cela était peu visible, surtout pour Scotty, qui se plaignait d’à peu près tout. Il aurait pu essayer de changer la relation qu’il avait elle, pour que ses cours de tutorats ne soient pas aussi énervants & épuisants pour lui, mais c’était peine perdu & c’était trop demandé au jeune homme. Pourquoi devait-il faire des efforts quand la personne en face n’en faisait absolument pas ? De toute manière, il avait beau essayé de chercher une solution pour que ces cours soient beaucoup moins frustrants, il savait que cela n’allait aboutir à rien, que cela allait revenir à la case départ. Il devait subir la compagnie de la jeune fille. Après tout, ce n’était pas s’il était en face de son pire ennemi ou sa pire ennemie, quoique pour le moment il n’en avait pas vraiment.

Il sourcilla quand elle vint subitement reprendre son livre. Il n’avait pas amené le sien, elle allait devoir partager sinon ils n’allaient jamais y arriver. En plus elle ne l’avait pas pris avec délicatesse, au contraire, elle le lui avait presque arraché des mains. Le coréen recula soudainement quand il remarqua que la jeune femme s’était rapprochée. Il n’aimait pas quand on était trop près de lui. Ce n’était pas qu’il se sentait mal à l’aise mais il n’appréciait pas vraiment la proximité. Il s’éloigna donc un peu & poussa un long soupir qui en disait long sur ce qu’il pensait d’elle & de ces cours. Il se massa un peu les tempes. S’ils devaient revoir tout, tous les deux, il n’allait sûrement pas pouvoir jouer à sa guitare & cela l’énervait encore plus, mais il essaya de se contenir. Il ne devait pas céder à la tentation de l’abandonner sinon elle risquait de le répéter & il risquait d’avoir des ennuis. Elle n’était pas assez gentille pour dire qu’en effet, ils avaient fait leurs heures de tutorat. Elle allait tout révéler au directeur. Serrant les poings, il prit brusquement son livre & le tourna vers lui.

- Si tu veux que l’on travaille, faudrait peut-être que Mademoiselle me passe son livre ! dit-il d’un ton acerbe.

Il regarda un moment les quelques lignes qui étaient écrites devant lui. Il avait besoin de se remémorer un peu les bases car forcément, il était à un niveau beaucoup plus élevé. Il prit un ton légèrement plus calme & doux.

- Par sens étroit, on entend obligation. Les devoirs qui résultent d'une règle de droit & qui sont donc assortis d'une sanction juridique. Cette sanction juridique permet de distinguer l'obligation juridique. On va les différencier des obligations morales. Est-ce que ça semble plus clair à tes yeux ou tu as des questions sur certaines notions ?

Comment deux personnes aussi semblables pouvaient se détester à ce points ? On dit bien trop souvent qui se ressemble s'assemble. Il faut croire que pour ces deux -là, c'était complètement le contraire. Si leur rencontre avait été différente, peut-être qu'ils auraient pu s'entendre voir même s'apprécier. Chacun de leur fort caractère aurait pu faire ressortir le meilleur de l'autre. Oui, mais non. Malheureusement pour ces deux-là, leur chemin ne se sont pas croisé au bon moment. De ce fait, c'est la décadence. Et leur relation ne fait qu'aller de mal en pis. Il faudrait un miracle pour les voir se faire un seul petit sourire sincère. Minae le savait et elle l'affirmait, elle avait de plus en plus de mal à le supporter. Déjà que leur mésentente commençait à lui taper sur le système, elle se rendait compte qu'elle n'avançait vraiment pas dans le travail qu'elle devait faire avec Scotty. Et tout le monde le sait; le fait de stagner comme ça dans son travail la mettait hors d'elle.

Le moindre geste du jeune homme exaspérait notre futur juge d'instruction, comme le fait de se masser les tempes. Elle leva les yeux au ciel avant de se remettre à sa place, le plus loin possible de Scotty. Elle n'avait aucune idée de la provenance de cet animosité à son égard. Elle ne pouvait pas dire qu'il était désagréable à regarder, bien au contraire. Il était toujours bien habillé. En plus de ça, c'était un excellent élève. Au final, il avait tout pour lui. S'il n'avait pas ce comportement si désagréable, elle pourrait sans doute l'apprécier un minimum... Ou pas. Scotty prit à nouveau le livre de la jeune fille en continuant de lui lancer ses acerbes phrases. En guise de réponse, elle soupira un : « Pfff... » alors qu'elle recroisait les bras. Néanmoins, elle l'écouta attentivement quand il lui expliqua la notion qu'elle n'avait pas comprise. Elle avait bien envie de le faire chier mais elle évinça cette idée. « Tu vois quand tu veux. Tu pourrais presque faire un bon prof. ». Elle se leva alors, et s'approcha du tableau avant de commencer à écrire. Elle fit deux colonnes, l'une pour l'obligation au sens étroit et l'autre au sens large. Dans chacune des colonnes, elle écrivit des exemples pour bien faire la différence entre les deux termes. Minae se colla ensuite dos au tableau et tourna son regard vers Scotty. « J'espère que vous vous êtes bien rincé l'œil professeur. ». Elle pointa du doigt ce qu'elle venait d'écrire : « C'est juste ? ».

Scotty était certain d’une chose. Si une personne avait été présente dans la salle, elle aurait certainement fui les deux énergumènes. Il suffisait de constater quel genre d’atmosphère régnait dans la petite salle de cours pour comprendre qu’il était préférable de prendre ses jambes à son cou car la guerre était en permanence déclarée. C’était comme si au final, les deux voulaient finir la phrase de l’autre, comme si tous les deux voulaient avoir raison, comme si les deux voulaient plus énerver l’autre. Scotty ne savait pas vraiment où il se trouvait exactement. Est-ce qu’il voulait la pousser à bout ? Est-ce qu’il était vraiment lassé de sa présence ? Ou était-ce juste une manière peu commode de la charrier ? Peut-être un peu des trois, ou peut-être qu’une seule question était la réponse. Beaucoup de ses amis auraient payé pour se retrouver dans la même salle que Mi Nae parce que beaucoup d’hommes la courtisaient, la trouvaient belle. Scotty avait bien envie de rire quand il voyait que tous ses amis bavaient devant sa silhouette, il avait presque envie de leur dire qu’elle était une vraie diablesse & qu’il ne fallait absolument pas se fier aux apparences, mais il s’amusait de les voir ainsi. Heureusement, ils ne savaient pas qu’il donnait des cours à la jeune femme, sinon, il était certain de se faire assassiner ou de se faire harceler pour qu’il arrange quelque chose. Déjà que pour son statut ce n’était pas très bien vu. Scotty qui aidait quelqu’un dans les devoirs, c’était la blague du siècle ! En plus, ses amis allaient certainement penser des choses totalement faussées, d’où le fait qu’il faisait cela dans la plus grande discrétion, en plus, il ne voyait pas du tout ce qu’ils pouvaient tous trouver chez elle.

Quand elle s’en alla vers le tableau pour faire deux colonnes distinctes, il l’observa rapidement, essayant de comprendre ce qui pouvait faire chavirer les cœurs des hommes. Plus il la regardait, plus il se disait qu’il ne comprenait décidément rien. Ses amis avaient des goûts très étranges au niveau des femmes ! Généralement, il était d’accord avec eux, mais là, il était mitigé . . . non, il était totalement en désaccord. Relevant rapidement le regard, comme s’il observait autre chose qu’elle, il fit comme s’il attendait qu’elle ait terminé. Il se mit soudainement à rire.

- Si je me suis rincé l’œil ! Tu as la blague toi ! Le mur est certainement beaucoup plus beau que. . .

Il se tût un moment, bloquant soudainement sur les exemples qu’elle avait noté au tableau. Il se leva, comme soucieux & se plaça non loin d’elle.

- Ton exemple au sens large n’est pas exact !

Il effaça le tableau & en mit un autre. Fier de son exemple, il se tourna vers elle.

- Tu comprends mieux avec cet exemple ou pas ?

Entre Scotty et Minae, c'était la guerre. La victoire irait à celui qui aurait le dernier mot, celui qui ferait le plus mal. Quand deux caractères de feu se croisent, c'est souvent ce qui se passe. Et tout le monde pourra se mettre d'accord, ces deux-là ne mâchent pas leurs mots. Pour Minae, c'était devenu une habitude. Elle ne saurait dire par quoi toutes ces disputes avaient commencé. De toute façon, elle s'en fichait. Ce qui comptait à présent, c'était qu'elle gagne cette guerre. Elle avouait sans mal que Scotty était un bon adversaire, mais elle n'allait pas se laisser faire si facilement. C'était mal la connaître. Quand le jeune homme se mit à glousser comme un dindon, elle leva la main dans laquelle elle avait la craie, prête à lui lancer ce projectile tel un boulet de canon. Mais elle se ravisa lorsqu'il se mit à fixer l'un des exemples écrit au tableau. Elle croisa alors les bras, le suivant du regard. Les sourcils froncés, elle ne l'écoutait qu'à moitié. Elle avait bien senti un regard sur elle, mais quel menteur.

« Oui, oui, c'est bon. » lui sortit-elle comme si elle n'en avait rien à foutre, toujours perdue dans ses pensées. Elle reposa la craie et sans rien demander, Minae commença à effacer ce qu'ils avaient écrit au tableau. Et sans perdre de temps, elle inscrit en grosses lettres capitales sur la surface noire : MENTEUR. C'était plus fort qu'elle. C'est comme si une force intérieur la poussait à le provoquer. Elle ne pouvait tout simplement pas faire autrement en face de ce mec. C'est tout ce qu'il méritait de toutes façon. Elle alla s'asseoir sur la table et croisa les jambes. « Tu mens comme tu respire. Et le mur, il t'emmerde. ». Elle avait sortie ça d'une traite, la tête baissée puisqu'elle regardait ses belles chaussures. Elle releva ensuite le visage, aidant ses longs cheveux à se remettre dans le bon sens à l'aide de sa main droite et fixa Scotty. « Je vais quand même te dire un truc. Je plains la femme qui partagera ta vie. Je ne sais même pas comment font les filles pour te trouver attirant. ». Et comme d'habitude, l'heure de tutorat se transformait en champ de bataille.

Tout aurait pu bien se dérouler. Scotty aurait pu passer outre ses quelques animosités face à un élève tel que Mi Nae. Il aurait pu faire énormément d’effort pour essayer, de pour une fois, travailler dans une certaine harmonie. Il l’aurait certainement fait, en tout cas, pendant un lapse de temps, juste pour avoir la paix, juste pour arrêter quelques secondes la querelle. Mais c’était tout simplement impossible. Certes, cela pouvait durer quelques secondes, quelques minutes, mais très vite, cela repartait, comme s’ils n’allaient jamais finir de se battre. Pourtant, quand le coréen était venu au tableau, il avait essayé de faire en sorte que tout se passe, il lui donnait des exemples, il l’aidait, mais cela ne semblait pas être dans les normes de la jeune femme. Elle ne savait pas ce que « trêve » voulait signifier. Elle avait perpétuellement besoin de rajouter une couche & quand ce n’était pas l’un, c’était l’autre. Il n’y en avait pas un seul qui réagissait comme une personne censée. La guerre n’amenait rien de bon généralement.

Scotty suivit avec précision les gestes de la jeune femme qui écrivait quelque chose au tableau. Il écarquilla les yeux quand il put lire le mot « menteur ». Comment ça, il était hâbleur? Sur quel point il avait menti ? Il avait dit la vérité, c’était elle qui écrivait n’importe quoi au tableau. Il serra les poings, mais il parvint à se contrôler. L’heure n’était pas à la dispute, encore une fois. Mais, forcément, elle ne vint pas arranger les choses & les empira même, à croire qu’elle aimait le pousser à bout, tout comme lui. Il vint se poster sur sa table & se mit à rire doucement. Si elle savait à quel point il n’en avait que faire d’avoir une petite amie ou pas, c’était juste des moments de distractions courtes & puis, il ne restait pas très longtemps avec une femme, il était trop vite lassé. Aucune femme n’était originale, aucune femme ne sortait du lot & par conséquent, toutes les femmes finissaient par l’ennuyer.

- De un, je ne vois pas en quoi je suis un menteur & de deux, avant de parler pour rien dire, réfléchis, quoique, je crois que c’est au-delà de tes capacités !

Enfin il disait cela, alors qu’il savait pertinemment que la jeune femme était particulièrement intelligente, d’où le fait qu’elle était dans le groupe d’aide aux élèves. Dire que lui, il était forcé de venir l’aider. C’était injuste, une autre personne pouvait tout de même le faire.

- Je n’ai pas demandé aux femmes de me trouver attirant ! Mais après, tu devrais te poser des questions car tu es certainement la seule à penser que je ne suis pas attirant & puis, femme ou pas, je peux très bien vivre sans elles. Ce n’est qu’un produit de consommation. . . Après, j’aime peut-être les hommes ; dit-il d’un son malsain. Moi je me demande tout court comment on peut t’apprécier ?

Il lui fit un sourire sadique & donna un coup léger & sec sur son front.

Ce n'était pas du tout dans la nature de Minae de se laisse faire. Elle avait été élevée d'une certaine façon par ses parents pour que rien ne l'atteigne. Pour elle, c'était une force. Mais selon beaucoup de personnes, c'était plutôt une faiblesse. Au final, Minae était seule. Extrêmement seule. Elle n'écoutait que sa propre raison, à ses risques et périls. Un jour, tout ça lui retombera dessus. Un jour, il faudra qu'elle se relève. Et ce jour, y aura-t-il une personne pour lui tendre la main ? J'en doute. Pourtant la jeune fille s'entête à rester comme elle. Pour le moment, la seule chose qui compte à ses yeux ce sont ses études, comme ses parents lui ont si bien appris. Elle ne laissera personne l'approcher jusqu'à temps qu'elle soit arriver à son but, à savoir devenir juge d'instruction. Il y a bien des exceptions, comme ses deux cousines. Et une chose est sûre, Scotty ne fait absolument pas partie ces VIPs. Il est même la personne numéro un à éviter. C'est bien simple, les seules moments où elle daignait lui adresser la paroles sont les cours de tutorat. Le reste du temps, elle se contentait de passer à côté de lui en l'ignorant, comme s'ils ne s'étaient jamais rencontrés.

Le jeune homme se rapprocha de Minae. La guerre était à nouveau déclarée. La blonde leva les yeux au ciel en entendant la première phrase de Scotty. Elle ne parlait pas pour ne rien dire, elle disait juste la vérité. Minae était souvent courtisée, elle savait qu'elle était jolie. Beaucoup de garçons se retournaient sur son passage, en n'ayant qu'une envie; sortir avec elle. Alors elle était persuadée que même Scotty n'était pas insensible à son charme. Mais ce n'était peut-être pas bon d'être sûre de soi à ce point. Elle fixa le jeune homme droit dans les yeux pendant qu'il essayait de se défendre. Surprise par le coup qu'il lui porta sur le haut de la tête, elle fronça les sourcils et posa vite sa main sur son front. Elle se remit debout pour se retrouver à sa hauteur. « Je me fiche éperdument qu'on m'apprécie ou pas. Tout ce que je veux, c'est qu'on me fiche la paix. ». Elle parlait sur un ton très calme. Elle le pointa du doigt en posant son index sur le torse de Scotty. « Si les femmes n'existaient pas, tu serais bien triste mon coco. Et ça ne m'étonnerais même pas que tu sois gay. Mais peut-être que je devrais mettre l'université au courant de cette merveilleuse nouvelle. Qu'est-ce que tu en dis, chéri ? » dit-elle avec un sourire niais tout en secouant sa main droite tel un homo.

Pourquoi fallait-il toujours que les cours de tutorat finissent de la sorte. Certes, quand il était entré dans la salle, il avait d’ors & déjà senti que ce cours n’allait, comme d’habitude, pas être de tout repos. Chaque fois, cela commençait avec quelques animosités, puis, il y avait une sorte de calme, où tous les deux ils se mettaient un peu à travailler & au final, cela finissait par une querelle. Ce qui était vraiment étrange, c’était que tous les deux savaient comment la journée allait finir & malgré cela, ils continuaient à faire ces fameux cours de tutorat. Peut-être qu’ils n’avaient pas vraiment le choix, mais Mi Nae pouvait très bien demander un autre professeur & Scotty pouvait très bien réclamer un autre élève. Comparé aux autres étudiants, au groupe spécifique pour l’aide aux élèves, le coréen n’aidait pas avec bon cœur, ce n’était pas son choix, c’était le choix du directeur & le pire dans cette histoire, c’était qu’il était un des rares étudiants à devoir subir à tel choix. Il fallait toujours que cela tombe sur lui, à croire que la chance n’était pas toujours présente pour lui. Si seulement il n’avait pas été cet homme qu’il était, peut-être que le directeur ne l’aurait pas remarqué & peut-être qu’il aurait eu enfin la paix.

Après avoir dit ses quelques paroles, la jeune femme le regarda d’un air particulièrement étrange & se leva soudainement, comme si en agissant de la sorte, elle pouvait atteindre sa taille, il était légèrement plus grand qu’elle, elle pouvait bien dresser son dos, cela n’allait pas changer. Un sourire se dessina de nouveau sur les lèvres du Coréen. Elle voulait qu’on lui fiche la paix, elle était vraiment marrante. C’était elle qui le poussait à bout, qui faisait tout pour le provoquer & elle osait dire cela, comme si lui ne voulait pas qu’on lui fiche la paix aussi, surtout, qu’elle lui fiche la paix. Son sourire disparut quand elle lui dit qu’elle pouvait très bien répandre la nouvelle sur le fait qu’il était certainement homosexuel. Décidément, cette femme ne connaissait rien de lui, il n’avait absolument pas l’allure d’un homme qui aimait les hommes. Il n’était pas difficile de reconnaître un homosexuel d’un hétérosexuel, mais peut-être qu’elle ne faisait pas la différence, peut-être qu’elle n’était pas assez douée en la matière, pourtant, c’était généralement les femmes qui parvenaient à détecter quel genre d’orientation un homme pouvait avoir.

- Tu veux qu’on te fiche la paix, mais si tu provoques tous les élèves comme tu le fais avec moi, c’est certain que tu n’auras jamais la paix, à croire que tu aimes lorsqu’on ne te fiche pas la paix !

Il dit cela d’un ton glacial, regardant fixement la jeune femme. En clair, il lui disait que si elle lui fichait la paix, alors il allait peut-être faire un effort pour lui foutre la paix, mais fallait-il qu’elle le fasse.

- Oh mais tu peux très bien crier cela sur tous les toits, vas-y je te laisse le libre choix de le faire. Mais sache que ça sera ta parole contre la mienne & je me contrefiche que tu puisses dire cela, au moins les femmes me laisseront tranquilles.

Il regarda rapidement sa montre, d’un air impatient. Un sourire s’afficha vite fait.

- Oh je crois que mes cours de tutorats sont terminés avec la Garce ! ; il observa la jeune femme ; Sur ce Mademoiselle, demain ça sera une heure plus tôt & si tu n’es pas là, je dirai à la direction que tu n’es pas une élève très attentive & que tes nombreux retards sont planifiés ! Bye la Garce ! dit-il en se retournant & en se dirigeant vers la porte.

Bientôt la fin de l'heure allait sonné, et rien n'avait avancé. Ni le cours de Minae, ni la relation qu'elle avait avec Scotty. Depuis le début de l'année, elle ne faisait que ramer avec le jeune homme. Elle s'en fichait complètement de s'entendre ou pas avec lui. Mais elle ne pouvait pas laisser passer le fait qu'elle ne s'améliorait pas en sa compagnie. C'était même pire, elle régressait. Avant même d'entrer dans la pièce, elle savait pertinemment qu'à chaque fois elle ouvrirait un bouquin et qu'au final, ça ne servirait à rien. Tuteur ! Laissez-la rire. Elle aurait fait ces heures de tutorat avec un cochon, le résultat aurait été le même. Mais la chose la plus étrange – et qu'elle ne s'avouera surement jamais, merci madame fierté – c'est qu'au fond, elle devait aimer se prendre la tête avec Scotty. Sinon, pourquoi ne demandait-elle pas un autre tuteur ? Il était l'adversaire idéal, tout aussi franc et mauvais qu'elle. Un adversaire de taille.

Mais quel foutage de gueule. Minae lui lança un sourire narquois, telle une vipère. « Ne te trompe pas de personne, veux-tu ? Ce n'est pas moi qui ait commencé l'heure avec ce ton si désagréable que tu aime prendre. J'ai même pris la peine de m'excuser. Je me demande bien qui est le plus provocateur de nous deux. ». Elle fit un pas en arrière de manière à s'éloigner un peu. Qu'il s'en fiche qu'elle aille crier sur tout les toits qu'il était gay l'embêtait plus qu'elle ne l'aurait imaginer. Minae pensait avoir le dessus sur le jeune homme juste avec ses paroles. Elle fit mine de s'en fichait en poussant ses cheveux en arrière, sans rien dire, vexée. Il était bien pressé de partir tout à coup. Et la « garce » n'allait pas le laisser s'en tirer si facilement. Elle le suivit et avant qu'il n'atteigne la porte elle lui prit le bras pour le stopper. « J'ai cours à cette heure-ci. Tu voudrais que je sèche pour toi ? » lui dit-elle en ayant l'air fâchée. « Si tu veux, on peut aller s'arranger chez le proviseur, on verra ce qu'il en pense. » ajouta-t-elle en le regardant avec des fusils dans les yeux. Rater une heure de cours, jamais. Encore moins pour un mec dans son genre.

Scotty savait pertinemment que l’heure qu’il venait de dire à voix haute n’était sûrement pas envisageable, car il connaissait à peu près l’emploi du temps de la jeune femme & il avait justement fait exprès de prendre une heure où elle ne pouvait pas venir. C’était totalement intentionnel, mais venant de sa part, cela ne devait pas paraître surprenant. Il savait que la jeune femme allait aussi trouver autre chose à redire, c’était elle, c’était lui, ils ne pouvaient pas s’empêcher de nuire à l’autre. C’était comme si leur quotidien était fait d’altercation, de violence de mots. En plus elle avait dit avant qu’elle était certainement la personne la moins provocatrice entre eux deux, mais il en doutait fortement. Déjà, elle savait qu’arriver en retard n’allait pas engendrer des moments joyeux entre eux deux. Dès le début, elle avait pris en considération ce fait, il en était certain. Cela faisait tout de même un long moment que tous les deux travaillaient ensemble, elle devait mieux connaître que quiconque ce qui pouvait le déranger, l’énerver. Il était certain qu’elle avait fait exprès d’arriver en retard, pour de nouveau le pousser à bout & elle y était parvenue.

Le coréen retira brutalement son bras que la jeune femme avait soudainement pris. Il se sentait souiller à présent. Elle avait osé le toucher, alors qu’il ne supportait pas cela. Elle osait lui dire qu’ils devaient tous les deux se rendre dans le bureau du directeur pour voir ce qu’il en était de l’heure qu’il venait d’imposer. Elle savait que le directeur allait certainement obliger le coréen a changé d’horaire, ou alors, il allait lui demander de prendre un autre tuteur & inconsciemment, cette idée le gênait légèrement. Se retournant vers la jeune femme, lui lançant un regard noir, il lui dit :

- Mais vas-y, vas donc chez le directeur, il n’attend que ça ! Je suis sûr qu’il te donnera un autre tuteur & cela sera certainement une très bonne idée, pour toi comme pour moi.

Il s’écarta un peu de la porte, comme pour la laisser passer, comme si elle devait passer.

- Mais entre toi & moi, sache que tu as certainement l’un des meilleurs professeurs, pour toi . . . donc qu’est-ce que tu choisis ?

Le souci était qu’il savait qu’elle allait répondre « voir le directeur », il était certain qu’elle mourrait d’envie de changer de tuteur, tout comme lui, mais au final, résigné, il prononça la suite des mots rapidement.

- Je décale d’une heure, mais tu as intérêt à être là à l’heure, où je te promets que nos cours finiront dans une poubelle !