D'accord. Note personnelle. Ne plus jamais faire de compliments à Jin Su. Il ne les méritait pas. Du tout. Prise d'un élan de gentillesse – puis surtout essayant tant bien que mal de détendre l'atmosphère et de passer à autre chose – la jeune femme lui fit un compliment déguisé, comme quoi il était musclé. Sa réaction ? … Pas terrible. Sae Ri en regretta même d'avoir ouvert la bouche. Elle devrait peut-être penser à se la fermer la prochaine fois, non ? Et puis de toute façon le coréen ne méritait pas ses compliments, voilà ! Lui passer la détail sur la relation passée de Ji Hyuk et Sae Ri... Tch. Elle ne comptait pas lui en parler de toute façon. Pourquoi irait-elle lui raconter tous les détails de sa relation au juste ? Ce serait complètement idiot ! Sauf qu'il n'avait pas l'air d'avoir compris. Tout ce qu'elle avait dit, c'est qu'elle était bien placée pour comparer la musculature des deux frères Im. D'ailleurs, l'ainé était bien plus musclé que le cadet. Elle aurait du le lui dire tiens, ça l'aurait ramené sur Terre.

« N'empêche, t'es naïve. » … Pardon ? En entendant cette réplique, la réaction de Sae Ri ne se fit pas attendre. Rapidement, elle releva la tête vers le coréen, le fixant, un air ahuri sur le visage. Elle ? Naïve ? Il plaisantait, non ? On apprend pas à un vieux singe à faire de des grimaces. Sae Ri roulait les gens dans la farine, et pas le contraire ! Pas futé ? Hum. Non. Là par contre, il allait un peu trop loin. Lui n'était pas futé, rien que pour avoir osé de dire un truc pareil. Il ne se rendait surement pas compte que les répercussions de ses mots allaient être terribles. ~ Pour le bouquin, elle n'y avait pas porté attention. Pour les post-it, elle avait fait le rapprochement. Mais monsieur lui avait répété encore et encore qu'il ne s'agissait pas de lui. Et Sae Ri ne s'était pas faite prier pour le croire puisqu'elle ne s'imaginait pas Jin Su lui offrir un cadeau. Elle avait encore du mal à s'y faire, c'est pour dire ! « Sae Ri, faut t'offrir des cadeaux pour que tu deviennes idiote ? » Et faut croire que lui adresser quelques compliments le rendait extrêmement agacent et insupportable. Arborant une nouvelle fois son éternel sourire forcé et faux, la jeune femme s'avança vers le troublemaker avant de l'empoigner par le haut de son col et de le tirer vers elle, fixant ainsi son regard dans le sien. « Ecoute-moi bien, le parasite. C'est toi qui est naïf. Et c'est toi qui est pas fute-fute. C'est pas parce que tu m'as offert un collier que je vais te supporter sans rien dire. Je me suis bien faite comprendre ? Oh, et aussi... » Tout en tenant fermement son col, elle donna un petit coup avec son poing sur son torse. « Oublie ce que j'ai dit. T'es pas musclé du tout, on dirait un marshmallow. ~»

Je n'étais pas mécontent de ses compliments, je voulais juste lui faire comprendre que de l'entendre parler de Ji Hyuk, comme ça, me déplaisait. Ça m'était insupportable de savoir que mon frère, lui, avait réussit à atteindre son coeur. Je n'y mettais peut-être pas de la bonne volonté mais passons... J'avais juste envie qu'elle ne réagisse pas comme ça, que, pour une fois, elle ne s'occupe que de moi sans forcément toujours tout ramener autour de mon frère. Je soupirais et c'est là qu'elle me prit par le col pour me lancer des paroles. Je la fixais, fixant aussi son sourire crispé et complètement pas crédible. Je l'avais vexé ? Et elle alors ? Elle avait fait pareil pour moi, donc j'avais de quoi la ramener un peu sur terre aussi. Toute fois, je gardais le silence, plissant légèrement les yeux en soupirant de manière lasse. Elle me gonflait à ne jamais rien comprendre. Je la repoussais, chassant sa main de mon col avant de glisser mes mains dans mes poches. Je la toisais, complètement. « Qu'est-ce que tu peux être conne. En vérité, il vaudrait mieux que tu fasses comme si c'était Ji Hyuk l'émetteur de ce cadeau. Puisque t'as que ce nom dans ta bouche. » C'était une crise ou je ne m'y connaissais pas.

Après avoir foudroyer la jeune fille du regard, je lui pointais la porte de la bibliothèque. « T'avais pas dit vouloir étudier ? » D'une voix froide, presque cassante, je lui crachais ma colère à la figure d'une subtilité incroyable. Je tiquais, détournant le regard tout en soufflant sur une mèche venu obstruer mon regard. Je rejetais la tête en arrière, laissant entendre un gémissement bruyant d'un total agacement. J'aimais pas être incompris. Ho non, je n'aimais pas ça du tout. Je me remis en position normal, me mordant la lèvre inférieure, constatant qu'elle était toujours là, face à moi. Je haussais un sourcil, comme pour lui demander silencieusement « que fous-tu encore là ? ». Ah, la délicatesse et moi, ça fait souvent deux...

Il était bipolaire ? Atteint de troubles de la personnalité ? Ou alors peut-être qu'il avait fumé quelque chose ? Sae Ri n'en savait rien et ne tenait pas à le savoir. Tout ce qui l'importait, c'est son comportement. Et d'ailleurs, il lui était de plus en plus insupportable. Lui dire qu'elle est naïf, bête, idiote, la toiser, la regarder de haut... Eh, il lui avait tout juste offert un collier, un simple collier, et cela ne lui donnait aucunement le droit de la traiter ainsi. Et encore, elle avait été plutôt gentille en le remettant à sa place tout en lui rappelant ses remarques déplaisantes. Elle aurait pu faire pire. Sauf que sa réaction, à lui, était bien trop excessive aux yeux de la miss. Quoique... Excessive ou non, c'était le cadet de ses soucis. Elle portait beaucoup plus attention aux termines qu'il utilisait. Et autant dire qu'ils lui restaient en travers de la gorge. « Qu'est-ce que tu peux être conne. En vérité, il vaudrait mieux que tu fasses comme si c'était Ji Hyuk l'émetteur de ce cadeau. Puisque t'as que ce nom dans ta bouche. » … Conne ? Il la traitait clairement de conne, là, non ? … L'expression de Sae Ri changea du tout au tout. Son faux sourire disparu. Non, elle était bien trop en colère pour pouvoir afficher un quelconque sourire, aussi forcé soit-il. « Pardon ? Tu me traites de conne ? Eh bah tu sais ce que t'es ? T'es qu'un beau connard, toi aussi. Tiens, on s'complète, pour mon plus grand malheur. Ji Hyuk, Ji Hyuk... Non, je n'ai pas que ce nom à la bouche. » C'est plutôt lui, en fait, qui avait tendance à tout exagérer en piquant une crise dès que son nom entrait dans une conversation. Mais bon, il était bien trop occupé à saquer la brunette pour se rendre compte de quoi que ce soit, voyons.

« T'avais pas dit vouloir étudier ? » Etudier ? Si si, elle avait dit vouloir étudier. Valait mieux terminer dans une bibliothèque que rester pointer devant lui, non ? « Si. La compagnie des livres est surement meilleure que la tienne. » Elle le fusilla du regard avant d'ouvrir la porte de la bibliothèque, la claquant derrière elle, avant de s'emparer du premier bouquin en vue et d'aller prendre place sur un des fauteuils au loin. Il était vraiment agaçant. Vraiment très agaçant. Et dire qu'elle avait fait des efforts pour ne pas s'énerver, parce qu'il avait soi-disant été tellement adorable en lui offrant ce collier. En fait, non, il n'était pas adorable du tout.

J'avais bien vu que son visage avait changé. Je regrettais déjà d'avoir pu être gentil avec elle aussi infime soit-il. J'aurais aimé qu'elle soit autrement avec mois plutôt qu'elle ne m'envoie de sale remarque à la figure. Ne savait-elle pas qu'être comparé à Ji Hyuk était un supplice pour moi ? Ça m'envoyait de trop mauvais souvenirs. J'avais besoin qu'on m'aide à l'oublier l'espace de quelques instants mais Sae Ri, elle, ne me le permettait pas. Voilà ce qui me mettait hors de moi. Et elle osait dire qu'elle n'avait pas que ce prénom aux lèvres ? La preuve que si, elle recommençait. Je plissais les yeux, manquant d'avoir des pensées meurtrières. « Pourtant, tu ne sais dire que ça. Tu peux pas changer de disque ? » Je claquais ma langue contre mon palais, signifiant mon agacement. Et, paradoxalement, je lui demandais de dégager. Ce qu'elle fit, pour une fois, sans réellement broncher. Alors qu'elle s'éloignait, me jetant ses charmantes paroles à la figure, je lui rétorquais juste avant que la porte ne claque.

« Et j'aurais plus à te supporter, sorcière ! » La porte claqua et je restais-là, fulminant encore de longues secondes face à la porte de bois. J'avais envie d'aller la retrouver, de lui faire manger quatre-cinq livres et de la jeter par la fenêtre, tiens ! Mais je n'étais pas un meurtrier donc... je faisais demi-tour, marchant d'un pas lourd, le visage crispé par la colère. C'est certain, elle n'aurait plus aucun cadeau de ma part, encore moins de mots doux. Je rentrais à la planque, retrouver mon bouquin, retrouver mon espace vitale et de l'oxygène. Me faire un bon café, aussi, pour décompresser. De quoi me calmer un peu. Mais j'étais loin de savoir que la suite, tournerait à mon avantage...